Greedfall est un action/rpg édité par Focus Home et développé par Spiders, un petit studio français spécialisé dans les RPG à qui l’on doit déjà les très médiocres Bound By Flames et The Technomancer. Si Greedfall reste lui aussi un jeu à petit budget, au mieux un AA, il bénéficie d’une campagne marketing le comparant à Dragon Age Inquisition ou encore The Witcher 3. Je dois l’avouer, les trailers ont vraiment réussi à me mettre l’eau a la bouche. Le jeu est-il à la hauteur des attentes qu’il a créé ? C’est à cette question que nous allons tenter de répondre ici.
Commençons par placer le contexte temporel et socio-politique : l’intrigue de Greedfall semble se passer au 17ème siècle et prend place dans un monde imaginaire peuplé de mages, monstres et bandits en tout genres. Vous débuterez sur le continent, dévasté par la guerre et la maladie il y règne une ambiance sombre et lugubre. Vous comprendrez vite que toute l’attention tourne autour de la découverte de Tear Fradee, une grande île mystérieuse et luxuriante.
Le monde se divise en 6 grandes nations :
- La garde du deniers : une sorte de guilde de soldats mercenaires,
- les Nautes : peuple des mers, entre marins et pirates,
- l’Alliance du pont : une grande nation de scientifiques,
- Thélème : un peuple très religieux,
- la Congrégation des marchands : une nation neutre de tout conflit, dont vous ferez partie,
- les Natifs : peuple indigène à l’apparence primitive de l’île de Teer Fradee.
Le continent est affaibli d’une part, par la guerre entre Thélème et l’Alliance du ponts et d’autre part, par la Malichore, une maladie incurable et mystérieuse dont personne ne connait l’origine. La découverte de Tear Fradee est une aubaine pour les nations du continent et elles ont évidemment érigé des colonies sur cette dernière.
Vous incarnerez De Sardet, légat de la Congrégation du commerce et neveu (ou nièce) du prince de cette dernière. Vous débuterez votre aventure sur le continent, dans la ville de Serene : capitale de la Congrégation. Votre première mission en tant que diplomate sera de rencontrer les représentants des différentes factions, sorte de grand tutoriel vous permettant de vous familiariser avec le jeu et son lore. Vous devrez ensuite retrouver votre cousin le fils du Prince afin d’embarquer avec lui à destination de New-Serene. Il s’agit de la colonie de la Congrégation sur l’ile de Tear Fradee dont il vient d’être nommé nouveau gouverneur.
Si votre objectif principal sur l’île est de trouver des indices sur un éventuel remède à la Malichore qui dévaste le continent et nuit au commerce de la Congrégation, vous vous retrouverez vite mêlé à tous les conflits qui opposent les différentes factions. Que ce soit les conflits internes dans certaines factions, celles des colons envers les indigènes ou des colons entre eux, vous ne manquerez pas d’occupation.
Tout comme dans The Witcher 3 , vos choix auront beaucoup d’importance dans ce jeu. Vous aurez souvent de multiples façons de terminer une quête, qu’elle soit annexe ou principale. Et souvent vos choix auront un impact plus ou moins direct sur votre entente avec les différentes factions. Vous l’aurez compris, la gestion de vos relations avec les autres factions tiendra un rôle important dans votre épopée, chacune d’entre elle pouvant vous faire bénéficier d’une aide ou au contraire d’un malus, selon vos relations. N’espérez par contre pas trop vous entendre avec tout le monde car souvent, agir pour le bien d’une nation se fait au détriment d’une autre. Ce sera à vous de décider d’assumer pleinement votre rôle de diplomate ou de vous laisser tenter par vos instincts primaires.
Car vous l’aurez deviné, la voie de la diplomatie est souvent la plus compliquée. Pour récupérer des informations dans un bâtiment surveillé par exemple, vous serez surement tenté de dérouiller les gardes le surveillant. Malheureusement si vous faites cela, vous vous attirerez les foudres de la faction concernée. Mais ne vous en faite pas, il existe souvent bien d’autres moyens pour arriver à vos fins. Vous pourrez entre autre, chercher un chemin alternatif, trouver la clé de la porte arrière dans les appartements du chef ou encore vous déguiser en un garde de la faction propriétaire du bâtiment en question.
Tout comme pour obtenir certaines informations, vous pourrez fouiller les lieux à la recherche d’indices ou encore bousculer un peu un PNJ trop silencieux afin de le faire parler. Si ce système permet de varier les plaisirs dans la résolution des quêtes et est assez jouissif au début donnant une impression d’importance à vos choix, vous vous rendrez vite compte de la répétitivité de ces dernières. Si elles restent bien écrites tout au long du jeu, les actions à effectuer lors de ces quêtes sont sensiblement similaires à chaque fois. Vous pourrez toutefois aussi vous servir de vos talents et/ou de ceux de vos compagnons pour prendre des raccourcis à la résolution de ces quêtes.
Vos compétences, parlons-en d’ailleurs ! Au début du jeu, vous devrez commencer par créer votre personnage : homme ou femme, détails du visage, corpulence, couleur de cheveux, des yeux, etc. L’outil de création est assez classique, complet sans être exagéré, vous ne perdrez pas des heures à ce niveau là. Les choix les plus importants arrivent juste après. Une fois votre personnage créé, vous devrez choisir entre 3 classes :
- Guerrier : axés sur le corps à corps, les guerriers auront un rôle de Tank/DPS. équipé d’armes puissantes et infligeant de gros dégâts aux armures adverses,
- Technicien : une sorte de voleurs, très agile, disposant de pièges et d’armes à feu pour un meilleur contrôle du champ de bataille,
- Mage : ce dernier utilise principalement des attaques à distance ignorant les armures et esquive mieux que quiconque les attaques adverses afin de rester hors de portée. (c’est d’ailleurs, de loin, ma classe préférée).
Par la suite, chacune de ces classes aura son propre arbre de compétences, qui permet d’améliorer vos compétences, barres de vie, de magie, d’équilibre, etc. Chaque fois que votre personnage gagnera un niveau, vous gagnerez un point de compétence à dépenser dans cet arbre. Vous en gagnerez aussi en découvrant certains monuments sur la carte, encore une fois comme dans The Witcher 3.
Vous disposerez également de deux autres arbres, plus petits eux, mais pour lesquels vous gagnerez moins de points à répartir :
L’arbre des attributs, tels que force, constitution, puissance, agilité ou encore précision. Ces derniers seront nécessaires pour vous équiper de tels ou tels armes ou armures. Attention donc à la façon dont vous allez répartir ces points, car si vous êtes totalement libre de la répartition dans cet arbre, certains attributs seront beaucoup plus utiles à une classe qu’à une autre. Par exemple, un mage aura besoin de puissance pour s’équiper des meilleurs anneaux magiques mais un guerrier, lui, aura besoin de beaucoup de constitution pour s’équiper des meilleures armures afin de survivre aux mêlées.
Chaque spécialisation disposera donc d’un arsenal dédié et à ce niveau la, le jeu est riche, très riche, trop riche,… Le jeu se targue de mettre à notre disposition plus de 200 équipements différents, tous personnalisables auprès d’un forgeron (ou dans vos campements si vous disposez du talent artisanat). Mais honnêtement, la plupart d’entre eux sont inutiles, vous aurez le choix entre des dizaines d’armures communes alors que vous pourrez très rapidement, et ce même à bas niveau, vous équipez d’armures rare ou épique. Si le système de craft et d’équipement séduit aux premiers abords, on se rend vite compte que la quantité prend le pas sur la qualité.
Le dernier arbre est celui des talents, dans celui-ci également vous serez totalement libres. Et ce sera surement dans celui la que le choix de répartition des points sera le plus difficile ! Premièrement car c’est pour celui-ci que vous gagnerez le moins de point à répartir, car honnêtement, tous les talents sont très utiles. Ces sortes de compétences passives vous aideront beaucoup lors de vos quêtes. Par exemple, la vigueur vous permettra d’escalader certaines surfaces afin d‘accéder à un endroit ou à un coffre inaccessible, le crochetage vous permettra d’ouvrir des portes ou des coffres dont vous ne trouvez pas la clé, le charisme ou l’intuition vous donnent accès à de nouvelles lignes de dialogues afin d’obtenir ce que vous désirez des PNJ sans utiliser la violence et ainsi de suite.
Ces talents très utiles donc, ne vous sont pas exclusifs ! C’est le moment de vous parlez de vos compagnons. Oui, comme souvent dans les RPG, vous disposerez d’alliés se battant à vos cotés, au nombre de 5, vous les débloquerez au fur et à mesure que vous avancerez dans l’histoire. Ils disposeront chacun d’un style bien à eux, pour commencer, chacun d’eux appartient à une des autres factions. Ils disposent donc aussi de leurs propres styles de combat, équipement et d’un talent particulier. Mais rien n’est gratuit dans l’univers de Greedfall ! Pour bénéficier du talent de vos comparses vous devrez avant tout avoir une relation amicale avec eux, tout comme pour les factions, vous devrez faire attention à votre jauge de relation avec vos compagnons. Vous ne devrez par exemple pas faire de mal aux Nautes si vous voulez rester dans les bonnes grâces du capitaine Vasco.
De plus, vous ne pourrez emmener que 2 compagnons parmi les 5 avec vous, mais vous serez presque toujours libre de ce choix. Le seul moment ou vous vous verrez imposer tel ou tel membre, c’est lors de la résolutions de leurs quêtes dédiées, ces quêtes devront être accomplies afin d’améliorer vos liens d’amitié (ou plus si affinité) avec eux. Sachez également que certaines quêtes pourront être résolues plus facilement avec certains compagnons, pensez à prendre une native avec vous si vous devez aller négocier avec son peuple par exemple.
Le choix des compagnons semble donc assez tactique, mais si il peut vous aider en mission, il sera assez anecdotique en combat… Malheureusement, même si vous prenez le temps de les équiper correctement, ils ne tueront généralement qu’un ou deux ennemis pendant que vous vous occuperez de tous les autres vous même.
Les combats justement, nous y voila ! Assez punitifs au début de l’aventure, je suis mort quelques fois, au point d’éviter certains affrontements jusqu’à avoir atteint un certain niveau. Mais une fois les bonnes compétences débloquées et votre style de combat maîtrisé, vous commencerez vraiment à vous sentir puissant. Vous prendrez un réel plaisir à charger un groupe d’ennemis ou même à vous défoulez dans l’arène (bien que cette dernière représente un beau challenge dans les défis des derniers niveaux).
Très nerveux mais pas toujours très fluide, l’action des combats est parfois difficilement lisible. Si vous avez le malheur de vous faire attaquer dans un espace clos et/ou entouré par l’ennemi, les esquives ou parades deviennent presque impossibles et la caméra à tendance à s’emballer et à tourner sur elle-même. De plus entre les points de vie, de magie, d’armure ou encore le système d’équilibre qui vous empêche de vous protéger indéfiniment, vous aurez un bon nombre de jauges à surveiller. Le gros point positif de ces combats sont le système de « pause tactique » : en une pression de gâchette vous pourrez mettre l’action en pause et décidez quel action votre personnage fera à la reprise de l’action.
En ce qui concerne vos adversaires, ils sembleront assez variés au début : guerrier, mage, loups, ours, chauves souris et autres monstres en tout genre. Malheureusement, si le bestiaire est très beau, il est aussi assez répétitif et artificiellement gonflé par de nombreuses déclinaisons de chaque monstre le composant. Même les mini boss assez impressionnants la première fois que vous les croiserez se ressemblent tous…
Les décors sont très beaux, bien qu’un peu répétitif et graphiquement le jeu tient vraiment la route ! J’avoue avoir eu un peu peur quand j’ai vu que le jeu ne pesait que 11 GO. Le tout s’explique par le fait que ce n’est pas vraiment un open world, mais une succession de maps plus ou moins grandes, truffées de murs invisibles et entre lesquels vous aurez droit à de nombreux temps de chargement. Spiders a trouvé une bonne parade à cela, le cycle jour/nuit et le temps qui passe ayant une importance dans certaines quêtes, vos déplacements feront avancer l’horloge. Pendant la durée de votre voyage entre deux régions, le temps de chargement sera l’occasion de vous arrêter dans un campement et de vous occuper de votre inventaire ou de faire des emplettes auprès du marchand. Ce qui a pour bénéfice de limiter la chute d’immersion due aux temps de chargements à rallonge.
La bande son, quant à elle est très réussie, les musiques donnent un aspect épique à certaines scène ou certaines batailles. Le doublage est assez bon lui aussi et les différents personnages sont crédibles bien que la plupart des joueurs déplorent l’absence de VF… Il est vrai que c’est dommage pour un jeu français de se priver d’une version française, mais le jeu vise l’international et le petit budget excuse ce manquement. J’en profite pour rappeler que si la version dématérialisée est à 49,99€ sur le Store, on trouve la version physique à 39,99€ presque partout. Ce qui reste un prix très honnête pour un jeu à l’heure actuelle.
En conclusion, je dirais que le jeu est plein de bonnes idées et qu’il vous charmera pendant les premières heures de jeu grâce une direction artistique au poil et à un lore très bien développé. Malheureusement, c’est dans le manque de profondeur et de finitions que le bat blesse. Pour ma part je trouve que ça lui donne un petit coté old school qui rappelle Fable ou Dragon Age Inquisition, mais cela pourra en rebuter plus d’un. Précisons quand même en passant que ces petits manquements sont surement du à un petit budget. Spiders ayant été racheté récemment par Big Ben Interactive, leur prochain jeu bénéficiera sans doute d’un plus gros budget, nous allons donc les garder à l’œil !
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- la direction artistique très travaillée
- l’écriture des quêtes et des personnages
- le système d’affinité des faction
- les arbres de compétences
- visuellement assez beau
- l’ambiance générale
- les combats sont nerveux…
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- mais pas toujours très lisible
- la répétitivité des quêtes
- les compagnons assez inutiles en combat
- les temps de chargement
- l’absence de VF
- la fausse richesse du bestiaire
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