Silence est un titre développé Par Daedalic Entertainment et paru le 15 novembre 2016. Ce jeu nous plonge dans un monde étrange peuplé de pierres qui parlent, d’asticots mangeurs de lave et de dangereux vers-mondes. Il s’agit d’un Point N’Click d’un studio qui n’est pas à son premier coup d’essai. Le jeu est d’ailleurs une suite, bien qu’avoir joué au jeu précédent de soit pas indispensable. Cependant, ne pas l’avoir fait appauvri tout de même l’expérience de jeu. Silence en vaut-il la chandelle ?
Une histoire d’amour fraternel
Le jeu commence alors que deux enfants se trouvent dans une ville bombardée. La situation ne pourrait pas être pire. Il s’agit de Noah et de Renie, les deux personnages principaux de l’histoire. Noah, en tant que grand frère, s’empresse de prendre les choses en main et de protéger sa petite sœur. Ils se dirigent alors tous deux vers un bunker. Une fois à l’intérieur, la petite pleure, et son frère se donne toutes les peines du monde pour la réconforter.
Il s’agit là du premier puzzle du jeu. Le tout sera donc de trouver quels objets pourront servir dans cette tâche difficile que représente le réconfort d’une petite fille décomposée face aux horreurs de la guerre. Si ce premier « niveau » peut sembler futile, il donne en fait le ton de l’aventure. Il permet de faire comprendre immédiatement à quel point le frère et la sœur sont liés, et les développeurs ont fait du très bon boulot.
On se prend immédiatement de sympathie pour les deux personnages principaux, on en vient presque à ressentir le besoin de protéger Renie, on se sent presque Noah. Les dialogues mettent d’ailleurs parfaitement en lumière la profondeur de leur relation. Noah, un jeune garçon, trop jeune pour de telles responsabilités, mais qui n’a pas le choix, a parfois du mal à garder son sang-froid. Il tente la plupart du temps de rassurer sa sœur, mais de temps à autres, il perd patience. De plus, il est pleinement conscient de la gravité de la situation mais ne sait pas toujours comment réagir, comme beaucoup de personnes face à des situations difficiles. On ressent souvent son sentiment d’impuissance. Mais il agit.
Renie, quant à elle, est un personnage littéralement adorable. Elle voit le monde à travers des yeux de petites filles ; tant que son frère est à ses côtés, rien ne peut lui arriver. Les développeurs se sont très bien débrouillés pour lui donner de la profondeur. Un personnage d’un si jeune âge est toujours risqué, dans le sens où l’on tombe rapidement dans des dialogues enfantins qui poussent les joueurs à simplement lever les yeux au ciel. Souvent, dans ces cas-là, on a l’impression d’être face à un jeu pour enfants. Mais ici, rien de tout ça ! Elle fait bien sûr de nombreuses remarques naïves, mais elles sont toujours tournées de la bonne manière. Ainsi, pour les joueurs les plus investis dans l’histoire, on comprend qu’il s’agit de propos d’une petite fille qui tente de gérer du mieux qu’elle peut les horreurs auxquelles elle assiste. Tout dans ce monde prend des allures de métaphores, qu’elles soient voulues ou pas. Le jeu ne tombe donc jamais dans l’humour enfantin.
Bon, retour dans le bunker maintenant. Une fois la petite rassurée, les bombes se remettent à pleuvoir, cette fois, beaucoup plus destructrices. La pluie de métal et de feu passée, Noah tente de retrouver sa sœur dans les décombres. Après avoir entendu la voix lointaine de sa sœur, il se retrouve dans un monde parallèle, le monde de Silence. Le nom de ce monde est particulièrement bien choisi et permet aux joueurs d’y aller de leurs petites interprétations. S’agit-il d’un monde de silence, comme le silence de mort qui s’abat sur les lieux sinistrés ? S’agit-il d’autre chose ? Le jeu ne le dit jamais explicitement…
Ce monde n’a rien avoir avec le monde réel. Ici, les plantes sont démesurées, les pierres parlent, on sort du ventre d’un ver-monde, de quoi nous faire rêver. Après un petit moment, Noah rencontre une autre personnage, Kyra, jeune fille charismatique à la tête d’une rébellion contre la fausse reine qui terrorise Silence. Pour survivre dans ce monde inconnu, Noah n’a d’autre choix que de la suivre. De plus, lorsqu’il la rencontre, il n’a toujours par retrouvé sa sœur, et Kyra affirme qu’un de ses hommes l’a emmenée en lieu sûr. C’est alors que débute une épopée féérique.
Féérique grâce à l’histoire et à la relation touchante entre le frère et la sœur, mais également grâce à tout le reste ! Les graphismes sont tout simplement magnifiques. La direction artistique est tout simplement magistrale, mêlant la 3D à des dessins en 2D du plus bel effet. Le contraste entre les éléments 3D et 2D fait de chaque tableau une œuvre d’art. À chaque nouvel endroit que l’on visite, il faut prendre le temps de les observer pour pleinement apprécier le travail des développeurs.
La direction artistique est d’ailleurs accompagnée par une bande-son magistrale. Les musiques enchantent le joueur et l’emmènent dans une envolée lyrique incroyable. Le monde est dense, beau et crédible. De plus, le doublage anglais est très soigné. Les voix sont plus qu’agréables, en particulier celle de Renie qui présente un petit accent britannique enfantin des plus adorables.
Le jeu jouit bien sûr de sous-titres français, pas de doublage cependant. Mais les acteurs anglais ont fait un tel boulot qu’il serait dommage de passer à côté de cette version. Les traductions sont très correctes et rarement approximatives.
Dans Silence, l’humour est omniprésent. Bien sûr, il ne faut pas s’attendre à des blagues trop directes ou potaches. Non, ici, l’humour est un peu naïf, ce qui rend vraiment les personnages, et le monde de Silence en général, adorables.
Si l’on devait prêter un défaut au titre, ce serait sa simplicité. On n’a pas souvent vraiment besoin de réfléchir pour avancer dans l’histoire, à quelques exceptions près. Les actions à accomplir sont évidentes pour la plupart. Cependant, cela ne m’a pas plus gêné que ça. L’univers du jeu est tellement riche et beau que l’on passe volontiers sur ce petit défaut. Par contre, le jeu s’avère assez court et est bourré de temps de chargement beaucoup trop longs qui viennent casser le rythme. Comptez cinq ou six heures pour arriver à la fin. Bien sûr, vous aurez toujours l’occasion de recommencer l’aventure pour récolter tous les trophées, mais il s’agit d’une prolongation de durée de vie somme toute assez artificielle. Lorsque l’on arrive à la fin, la première réaction est de se dire : « oh non, pas déjà ». Réaction logique face à la qualité du titre. Sincèrement, j’ai eu du mal à lâcher la souris. Daedalic Entertainment ont vraiment accompli un travail incroyable.
Un article signé Jetlag.
