Reynatis, développé par FuRyu et sorti sur Nintendo Switch, est un Action-RPG qui nous plonge dans un Tokyo contemporain où la magie est une réalité cachée. Le jeu s’est fait remarquer avant sa sortie grâce à la participation de grands noms de l’industrie, notamment Kazushige Nojima (scénariste de Final Fantasy VII et Kingdom Hearts) pour l’histoire, Yoko Shimomura (compositrice de Kingdom Hearts) pour la musique et Yusuke Naora (directeur artistique de Final Fantasy VII et X) pour le design des personnages. Avec une telle équipe, les attentes étaient élevées, promettant une expérience immersive et narrativement riche. Mais Reynatis parvient-il à tenir ses promesses ? Plongeons dans les rues magiques de Tokyo pour le découvrir.
Reynatis nous propose d’incarner Akane, une jeune lycéenne qui découvre qu’elle possède des pouvoirs magiques. Elle est rapidement entraînée dans un conflit opposant deux factions : les « Gardiens », qui cherchent à maintenir l’équilibre entre le monde magique et le monde humain, et les « Libérateurs », qui souhaitent révéler l’existence de la magie au grand jour. Akane devra choisir son camp et maîtriser ses pouvoirs pour protéger ses proches et décider du destin de la magie. Ce postulat de départ, classique mais efficace, pose les bases d’une aventure qui aurait pu être captivante.
Malheureusement, Reynatis peine à se démarquer des autres jeux du genre. Si l’idée d’intégrer la magie dans un Tokyo moderne est séduisante, le jeu n’exploite pas pleinement son potentiel. L’univers manque de profondeur et de cohérence, et l’on regrette que l’exploration de la ville soit limitée à quelques quartiers seulement. On aurait aimé pouvoir découvrir des lieux emblématiques de Tokyo revisités à la sauce magique, ou explorer des zones secrètes où la magie est omniprésente. Le jeu se contente de nous proposer des environnements urbains assez génériques, sans véritable personnalité.
De plus, Reynatis souffre d’un rythme assez inégal. L’introduction est longue et laborieuse, et il faut attendre plusieurs heures avant que l’histoire ne décolle vraiment. Le jeu alterne ensuite entre des phases d’exploration assez monotones et des combats parfois frénétiques, sans jamais trouver un véritable équilibre. On regrette également l’absence d’un véritable fil conducteur, l’histoire se contentant d’enchaîner des missions sans réelle cohésion.
L’histoire de Reynatis, bien que prometteuse sur le papier, s’avère malheureusement être l’un de ses points faibles. Le scénario, malgré la participation de Kazushige Nojima, manque de profondeur et d’originalité. L’intrigue principale, centrée sur le conflit entre les Gardiens et les Libérateurs, est assez prévisible et manque de rebondissements marquants. Les personnages, bien que dotés d’un design intéressant, souffrent d’un développement superficiel et manquent de charisme. Les dialogues sont souvent plats et n’exploitent pas pleinement le potentiel des relations entre les personnages.
Le personnage d’Akane, notamment, manque cruellement de profondeur. Elle est présentée comme une lycéenne ordinaire propulsée dans un monde extraordinaire, mais ses réactions et ses émotions sonnent souvent faux. On a du mal à s’attacher à elle et à comprendre ses motivations. Les personnages secondaires ne sont guère plus convaincants, se résumant souvent à des archétypes sans grande originalité. Les relations entre les personnages sont également peu développées, et l’on regrette l’absence de véritables moments d’émotion ou de complicité.
On retrouve néanmoins quelques éléments intéressants dans l’univers du jeu. L’intégration de la magie dans un Tokyo moderne est plutôt bien réalisée, et l’exploration de la ville offre quelques moments agréables. Le jeu aborde également des thèmes comme l’acceptation de la différence et la responsabilité qui accompagne le pouvoir, mais sans jamais vraiment les approfondir. On aurait aimé que le jeu explore davantage les conséquences de la révélation de la magie au grand public, ou les dilemmes moraux auxquels sont confrontés les Gardiens et les Libérateurs.
Au final, le scénario de Reynatis laisse une impression de potentiel gâché, avec une intrigue prévisible et des personnages manquant de profondeur. Le jeu ne parvient pas à créer un univers vraiment captivant et à nous impliquer émotionnellement dans son histoire.
Le système de combat de Reynatis est dynamique et nerveux, mélangeant des éléments de hack’n’slash et de jeu de tir. Akane peut utiliser une variété de sorts magiques pour attaquer ses ennemis, se défendre ou se déplacer rapidement sur le champ de bataille. Le jeu propose un système de combos assez satisfaisant, permettant d’enchaîner les attaques et les sorts pour maximiser les dégâts. Les combats sont rythmés et demandent une certaine maîtrise des différentes mécaniques pour venir à bout des ennemis les plus puissants. La possibilité d’alterner entre différents types de magie (feu, glace, foudre…) offre une certaine variété tactique et permet d’adapter son style de jeu en fonction des ennemis rencontrés.
Malgré un système de combat prometteur, le gameplay de Reynatis souffre de quelques défauts. La caméra, notamment, peut s’avérer capricieuse dans les environnements clos, rendant les combats parfois frustrants. On regrette également un manque de variété dans les types d’ennemis et les environnements de jeu. Les ennemis se ressemblent souvent et leurs patterns d’attaque sont assez limités, ce qui rend les combats répétitifs à la longue. Les environnements, bien que graphiquement corrects, manquent de diversité et d’originalité.
Les quêtes secondaires, quant à elles, sont souvent répétitives et peu inspirées, se résumant principalement à des aller-retours fastidieux. La plupart des quêtes consistent à aller chercher un objet, à vaincre un certain nombre d’ennemis ou à livrer un message. On regrette l’absence de quêtes plus originales et plus engageantes, qui permettraient d’explorer davantage l’univers du jeu et d’approfondir les relations avec les personnages secondaires.
Le système de progression, basé sur l’apprentissage de nouveaux sorts et l’amélioration des statistiques d’Akane, est assez classique et manque d’originalité. On aurait aimé un système plus profond et plus personnalisable, qui permettrait de développer son personnage en fonction de son style de jeu. Le jeu propose bien un arbre de compétences, mais celui-ci est assez limité et n’offre pas beaucoup de choix.
Visuellement, Reynatis est un jeu en demi-teinte. La direction artistique est globalement réussie, avec un style anime coloré et des designs de personnages attrayants. L’intégration de la magie dans les environnements urbains de Tokyo est également bien réalisée, créant une atmosphère unique. Les effets visuels des sorts sont plutôt réussis et contribuent au dynamisme des combats. On apprécie également le character design des personnages principaux, qui se démarquent par leur style original et leurs tenues colorées.
Cependant, la réalisation technique accuse un certain retard. Les textures sont parfois grossières, les animations manquent de fluidité et les environnements souffrent d’un manque de détails. On observe également des chutes de framerate, notamment lors des combats les plus intenses. Le jeu manque de finesse dans la modélisation des personnages et des décors, et l’on regrette l’absence de détails qui pourraient donner vie à l’univers. Les animations faciales, notamment, sont assez rigides et manquent d’expressivité.
Sur Nintendo Switch, le jeu tourne en résolution dynamique et ne parvient pas toujours à maintenir une fluidité constante. En mode portable, les graphismes sont encore plus impactés, avec une résolution plus faible et des textures plus floues. Le jeu souffre également de temps de chargement assez longs, qui peuvent nuire à l’immersion. On regrette que les développeurs n’aient pas davantage optimisé le jeu pour la console, car les limitations techniques ternissent l’expérience de jeu.
Malgré quelques efforts sur la direction artistique, Reynatis ne brille pas par sa technique et souffre de limitations graphiques qui ternissent l’expérience de jeu. Le jeu aurait mérité une réalisation technique plus soignée pour exploiter pleinement son potentiel visuel.
Composée par Yoko Shimomura, la bande originale de Reynatis est sans conteste l’un des points forts du jeu. Les musiques, inspirées de la J-pop et de la musique électronique, accompagnent parfaitement l’action et contribuent à l’ambiance magique du jeu. Les thèmes principaux sont mémorables et les mélodies variées, passant de morceaux entraînants lors des combats à des mélodies plus mélancoliques lors des phases d’exploration ou des scènes narratives. La musique parvient à créer une ambiance à la fois dynamique et envoûtante, qui plonge le joueur au cœur de l’univers du jeu.
On retrouve dans la bande originale de Reynatis la patte caractéristique de Yoko Shimomura, avec des mélodies entraînantes et des orchestrations riches et variées. Les morceaux sont tantôt épiques et grandioses, tantôt intimistes et mélancoliques, reflétant parfaitement les différentes émotions du jeu. L’utilisation d’instruments traditionnels japonais, comme le koto ou le shamisen, ajoute une touche d’authenticité à l’ensemble.
Le doublage japonais est également de qualité, avec des performances convaincantes pour la plupart des personnages. Les acteurs parviennent à donner vie aux personnages, même si les dialogues ne sont pas toujours à la hauteur. On regrette cependant que le jeu ne propose pas de doublage anglais ou français, ce qui pourrait limiter l’immersion pour certains joueurs. L’absence de doublage dans d’autres langues est un choix regrettable, qui pourrait empêcher certains joueurs de profiter pleinement de l’expérience.
Dans l’ensemble, la bande sonore de Reynatis est une réussite et contribue grandement à l’atmosphère du jeu. Les musiques de Yoko Shimomura sont magnifiques et parfaitement intégrées au jeu, créant une ambiance magique et immersive. Le doublage japonais est également de qualité, même si l’on regrette l’absence de doublage dans d’autres langues.
Conclusion
Reynatis est un Action-RPG qui laisse une impression mitigée. Si le jeu possède quelques atouts, notamment sa bande sonore et son système de combat dynamique, il souffre également de nombreux défauts qui l’empêchent de pleinement exploiter son potentiel. Le scénario manque de profondeur et d’originalité, les graphismes sont datés et le gameplay, bien que fun par moments, devient vite répétitif. On regrette également le manque de variété dans les environnements et les quêtes secondaires, ainsi que les limitations techniques qui ternissent l’expérience de jeu.
Malgré la participation de grands noms de l’industrie, Reynatis ne parvient pas à se hisser au niveau des meilleurs représentants du genre. Il s’agit d’un jeu correct, qui pourra plaire aux fans d’Action-RPG japonais, mais qui ne restera probablement pas dans les annales. On aurait aimé que les développeurs exploitent davantage le potentiel de l’univers et des personnages, et proposent une expérience de jeu plus riche et plus immersive.
Reynatis est un jeu qui oscille entre le bon et le moyen, sans jamais vraiment exceller dans aucun domaine. Il s’agit d’une occasion manquée, qui aurait pu être bien meilleure avec un peu plus de soin et d’ambition.