L’inimitable saga Assassin’s Creed revient, comme chaque année, sur le devant de la scène avec un nouvel opus dénommé Assassin’s Creed Syndicate. Ce titre promet une expérience incroyable ponctuée de complots obscurs visant la liberté de nos pauvres âmes ! Ubisoft a été racheté par Vivendi dernièrement, le groupe derrière Canal Plus, de quoi faire peur à une pléthore de joueurs inquiets du devenir de la série. Mais qu’en est-il de ce dernier épisode en date nous plongeant dans un Londres en pleine révolution industrielle ? Verdict dans notre test !
Ça y est, après moultes heures à arpenter la magnifique ville de Londres, je termine la 9ème séquence avec une impression terrible de ne pas savoir qu’en penser ! Le doute m’envahit, mes émotions me trahissent, je ne comprend pas ce qui m’arrive ! Les questions fusent et s’entrechoquent, semant dans l’air une impression de déception palpable. Mais revenons au début, là où tout à commencé !
Assassin’s Creed Syndicate vous plonge dans le Londres de la fin du 19ème siècle, l’époque de la révolution industrielle, l’apparition des idéologies marxistes et d’autres plaies empoisonnant la vie des concitoyens londoniens. Vous incarnez Jacob et Evie Frye, frère et sœur assassins bien résolus à récupérer un artefact et à en finir avec le joug de Crawford Starrick, Grand Maitre de l’Ordre des Templiers, déterminé à faire fortune sur le dos des simples citoyens en instaurant violence et plans machiavéliques. Pour vous aider dans votre quête insatiable de justice, des personnages secondaires inintéressants mais aussi une pléthore d’armes, costumes et accessoires tels que les grenades fumigènes, les grenades électromagnétiques, les fléchettes empoisonnées et les classiques couteaux à lancer sont présents ! Mais Assassin’s Creed Syndicate accueille aussi un arsenal d’armes de poing permettant d’enchaîner des combos mortels. Niveau déplacements, les deux nouveautés notables sont l’apparition du grappin et de la possibilité de conduire des calèches ! Le grappin est plutôt pratique mais enlève l’intérêt principal de la grimpette qui est de trouver la bonne faille dans la paroi pour arriver au sommet des bâtiments les plus hauts. Il est devenu simpliste de se retrouver sur le toit et regagner le toit voisin ou de la maison en vis-à-vis. Je vous avoue que malgré le côté pratique de l’objet, on perd l’essence d’Assassin’s Creed pour emprunter les souvenirs de ballade dans Gotham avec notre vieil ami à cape noire. Du côté des calèches et autres voitures tractées par la plus belle conquête de l’homme, le constat n’est pas plus à envier que le grappin. La conduite est hasardeuse, les accidents sont légions et ce n’est pas spécialement fun. Mais tout de même pratique pour les joueurs souhaitant rejoindre un objectif au plus vite sans devoir se farcir la foule de piétons parcourant les rues, les calèches sont disponibles partout, il suffit de les voler à la manière d’un Grand Theft Auto pour rétablir la justice dans Londres. On y voit une volonté claire de la part des développeurs d’utiliser un maximum le grappin ou les calèches, les spots de dissimulation comme les bancs ou les petits groupes de personnes ont complètement disparus mis à part les tas de foins utiles pour les sauts de l’ange. Pour échapper à une menace et passer incognito, il vous faudra user du grappin, courir d’un toit à l’autre voire rejoindre une calèche.
Mais l’aspect discrétion, dissimulation, infiltration qui font partie de la base de la série Assassin’s Creed sont tout de même conservés … ou presque ! Les phases d’infiltration font énormément penser à un mélange des derniers épisodes de Batman et de Hitman en beaucoup moins élaboré. De fait, une fois arrivé dans un vaste entrepôt, vous jouerez du grappin de part et d’autre de la salle pour plonger en piqué sur un ennemi et vous propulser en hauteur pour en finir avec les autres cibles sensiblement de la même manière. Certes vous pourrez vous déplacer doucement derrière un ennemi et en finir avec lui mais on sera prêt à parier que la plupart des joueurs utiliseront la facilité en s’équipant du grappin et des fléchettes empoisonnées qui inciteront les ennemis à se battre entre eux.
Les missions secondaires sont octroyées par des personnages historiques tels que Marx, Dickens, Darwin et même un certain Arthur Conan Doyle. Ces missions sont plutôt variées et sont directement influencées par les travaux et écrits de ces illustres personnages. Il s’agira d’enchainer course poursuites agaçantes, phases d’infiltrations et phases d’escortes ! Ramener une cible en vie est loin d’être une tâche facile, un cercle apparait autour de vous et votre cible et il s’agira de jauger le vitesse de marche pour éviter de se faire repérer, faire rentrer la cible dans une calèche et conduire votre cible à bon port. Les situations sont plutôt cocasses comme la mission où Karl Marx nous demande d’arrêter un marxiste fou voulant faire des victimes durant une énorme explosion, ironiquement, les idéologies marxistes ont fait plus de 80 millions de morts au 20ème siècle.
Des activités annexes sont disponibles en grand nombre tel que les combats clandestins, le pillage de cargaison ou la libération d’enfants dans des usines ! Vous y gagnez des points d’expérience, de l’or et des ingrédients spéciaux vous permettant de fabriquer costumes, armes ou autres ceintures renfermant des attributs ou vous permettant d’accroitre le nombre d’objets portés. Les points d’expérience vous permettront d’acquérir des points de compétence pour Jacob et Evie dans un arbre identique mais dont certaines compétences seront plus utiles à l’un ou l’autre : Jacob c’est la force brute tandis qu’Evie aura l’occasion de devenir invisible pour les phases d’infiltration. Mais outre vos capacités propres, vous aurez l’occasion d’améliorer vos bandes, ce sont des hors-la-loi à votre solde que vous pourrez recruter comme bon vous semble pour faire diversion ou vous aider quand vous êtes submergés lors d’un combat. Les combats sont sensiblement différents des anciens épisodes, le gameplay est ici aussi emprunté à Batman avec ses raccourcis et ses finish tout en finesse ! Le tout manque malheureusement de punch et les variétés de coups sont réduits au minimum. Sans interactions avec le décors, ce sera les poings, les grenades et les fusils qui seront utilisés les amis !
Des missions supplémentaires sont malgré tout disponibles tels qu’une Longue Nuit, un DLC réunissant quelques missions où vous devrez réparer les gaffes d’un allié un peu trop porté sur la bouteille. Il s’agira en premier lieu de le ramener mais chaque acte a ses conséquences et on se retrouve bien vite (trop vite) à la dernière séquence derrière une sulfateuse steam punk très jouissive ! L’ensemble des missions Penny Dreadful se consacrent à ce genre littéraire très en vogue à Londres fin 19ème, des récits policiers voire fantastiques qui ne coutaient qu’un penny. Il s’agira, à la manière de Sherlock Holmes, d’interroger des suspects, recueillir des preuves mais ne vous attendez pas à devoir observer de prés les indices ou résoudre des puzzles complexes, ici tout est prétexte à rallonger la durée de vie. Les missions Penny Dreadful ne sont pas spécialement excitantes et le mode opératoire reste identique d’une séquence à l’autre.
Graphiquement, le jeu impose le respect grâce à sa profondeur de champ visuel incroyable et quelques textures magnifiques, des effets de lumières réussis et surtout le reflet dans les flaques d’eau en mettent plein la vue. Mais malheureusement toutes les textures n’ont pas le droit à ce travail et on se retrouve parfois avec un résultat assez médiocre, on a la constante impression que le jeu est basé sur un moteur PlayStation 3 avec des graphismes très travaillés. Mais Londres est néanmoins magnifique et très grand, vous offrant un panel d’environnement différents. Mais cela reste une ville, ne l’oublions pas ! Les animations dans les rues donnent énormément de vie à Londres, on peut y admirer des artistes de rues, des personnes au travail ou encore des pompiers arroser une maison qui était en proie au flammes. Les costumes de nos héros sont franchement superbes, les divers tissus sont très réussis dans leurs détails mais l’omniprésence du look steam punk très à la mode ne sera pas au gout de tous le monde ! Mais les vieux démons sont de sortie une nouvelle fois, certaines textures et certains textes ne s’affichent pas ! Outre les bugs graphiques, on se retrouve très souvent bloqué car le script ne s’enclenche pas, vous obligeant à devoir recommencer au dernier checkpoint une bonne quinzaine de fois sur l’entièreté de mon expérience de jeu. D’autres bugs liés à la disparition d’un personnage ou le fait que votre héro tombe dans le vide sont aussi de la partie. Mais rien d’aussi catastrophique que l’épisode précédent intitulé Unity, juste l’implacable sensation que le jeu n’est pas terminé lorsque les chargements, tirant sur la longueur, pointent le bout du nez !
Niveau bande son, les doublages sont plutôt classiques mais on peut dire qu’ils s’en sortent haut la main pour arriver à accrocher le joueur de dialogues insipides où la trame scénaristique patauge pour ne pas délivrer une narration intéressante ! L’humour est omniprésent entre deux idéologies vite fait glanées et très tendances sur la liberté d’expression ou les personnes transgenres. Exit les complots bien ficelés qu’on pouvait découvrir au début de la saga, le champagne a perdu de ses bulles et on se retrouve avec un scénario sans intérêt, sauvé de peu par l’ambiance propre de Londres. Certes, le 19ème siècle renferme des compositeurs classiques de haut vol, cela se ressent dans la direction artistique de la bande son où se retrouvent les sons de violons et des compositions rappelant peut-être un peu trop Harry Potter ou l’univers de Sherlock Holmes mais le tout reste de qualité. Cela ne colle peut être pas parfaitement à la saga mais ça reste propre !