Bonjour à toutes et à tous, fidèles lecteurs de GameActu ! C’est avec un enthousiasme non dissimulé que nous nous plongeons aujourd’hui dans le test d’un titre qui a fait couler beaucoup d’encre et suscité d’innombrables attentes : Romancing SaGa 2, dans sa version optimisée pour la toute récente Nintendo Switch 2. Commercialisé le 31 juillet 2025, ce remake intégral en 3D du classique de la Super Famicom, initialement sorti en 1993, promet de transcender l’expérience originelle grâce à la puissance de la nouvelle console de Nintendo. Alors, la vengeance des Sept Héros est-elle un plat qui se mange froid et avec délectation sur la Switch 2 ? C’est ce que nous allons voir ensemble dans ce test complet.

Introduction
L’annonce d’un remake complet de Romancing SaGa 2 avait déjà, en son temps, créé une véritable onde de choc au sein de la communauté des amateurs de J-RPG. Il faut dire que le titre d’Akitoshi Kawazu est une œuvre à part, souvent considérée comme l’un des piliers de la série SaGa et un précurseur de nombreuses mécaniques de jeu novatrices. Sa structure non-linéaire, son système de succession impériale et sa narration s’étalant sur plusieurs générations en ont fait un jeu culte, mais également une expérience réputée pour son exigence et son opacité. Le défi pour Square Enix était donc double : moderniser un gameplay et des graphismes vieux de plus de trois décennies sans pour autant dénaturer l’âme si particulière de l’original.
Le pari, déjà en partie réussi avec la version sortie en octobre 2024 sur les autres supports, prend une toute nouvelle dimension sur la Nintendo Switch 2. Cette mouture, loin d’être un simple portage, a été spécifiquement pensée pour tirer parti des capacités accrues de la machine. On nous promet des temps de chargement quasi inexistants, une fluidité à toute épreuve avec un sacro-saint 60 images par seconde constant, et une résolution rehaussée qui magnifie la nouvelle direction artistique. Pour les vétérans de la première heure comme pour les néophytes curieux de découvrir cette saga atypique, cette version s’annonce comme l’édition définitive. Au-delà des promesses techniques, c’est bien la pertinence d’une telle œuvre en 2025 que nous allons interroger.
Le système de scénario libre, la mort permanente et la transmission du savoir entre les générations sont-ils des concepts toujours aussi percutants aujourd’hui ? La refonte en 3D parvient-elle à capturer la magie des sprites d’antan ? Et surtout, le plaisir de jeu, ce savant mélange de frustration et d’accomplissement qui caractérisait l’original, est-il toujours au rendez-vous ? En tant que testeurs, nous avons arpenté les vastes terres de l’empire de Varennes, combattu les Sept Héros, et vu d’innombrables empereurs et impératrices monter sur le trône puis périr au combat. Nous avons exploré les moindres recoins de cette nouvelle version pour vous livrer une analyse approfondie, paragraphe par paragraphe, de ce qui s’annonce comme l’un des J-RPG les plus marquants de cette nouvelle génération de consoles. Préparez votre lignée, car une longue et périlleuse quête vous attend.

Scénario
Le postulat de départ de Romancing SaGa 2 est aussi simple qu’efficace. Le monde, autrefois sauvé par sept héros légendaires, se retrouve aujourd’hui menacé par ces mêmes figures devenues des entités maléfiques. Face à cette menace sans précédent, l’empereur de Varennes, Leon, décide de prendre les armes. Mais la puissance des Sept Héros est telle qu’un seul homme, une seule vie, ne suffira pas à les défaire. C’est sur ce constat tragique que repose toute la structure narrative du jeu. Après une introduction qui voit Leon tomber au combat, il transmet ses pouvoirs et sa volonté à ses enfants, inaugurant ainsi le système de succession impériale. Vous n’incarnez pas un héros, mais une dynastie. Votre rôle est de guider l’empire de Varennes à travers les âges, de génération en génération, jusqu’à l’éradication complète des Sept Héros. Cette approche, révolutionnaire à l’époque et toujours aussi fascinante aujourd’hui, transforme radicalement la manière d’appréhender le récit. L’attachement ne se fait pas à un personnage unique, mais à une lignée, à un idéal. Chaque empereur ou impératrice qui monte sur le trône hérite des compétences et des connaissances de ses prédécesseurs, tout en apportant sa propre pierre à l’édifice.
La narration se tisse au fil de vos choix et de vos actions. Le jeu adopte une structure de « scénario libre » qui vous laisse une liberté quasi totale. Après les événements introductifs, une carte du monde s’offre à vous, et c’est à vous de décider quelle région libérer, quel Héros affronter en premier. Chaque territoire conquis, chaque allié rallié, chaque quête accomplie vient enrichir la chronique de votre empire. Cette non-linéarité est une force incroyable, car elle rend chaque partie unique. L’histoire de votre empire sera façonnée par vos succès, mais aussi par vos échecs. La perte d’un empereur au combat n’est pas une fin en soi, mais un passage de flambeau, souvent teinté d’amertume mais toujours porteur d’espoir. Le remake a eu l’excellente idée de ne pas se contenter de transposer cette histoire. Il l’enrichit considérablement en donnant plus de profondeur aux Sept Héros. À travers des séquences de flashbacks, on découvre les raisons de leur chute, leurs motivations, et la complexité de leurs personnages. Ils ne sont plus de simples antagonistes, mais des figures tragiques, ce qui confère au récit une dimension plus sombre et mature.
De même, les interactions avec les différents personnages non-joueurs et les souverains des autres nations ont été étoffées, rendant le monde plus vivant et cohérent. Les dialogues, entièrement doublés en anglais et en japonais, apportent une immersion bienvenue, même si l’on regrettera l’absence d’une localisation française pour les voix. La sensation de voir son empire s’étendre, de construire de nouvelles infrastructures, de voir les conséquences de ses choix sur plusieurs générations est extraordinairement gratifiante. C’est une épopée au sens le plus noble du terme, une fresque historique dont vous êtes le principal auteur.

Gameplay
Le gameplay de Romancing SaGa 2 a toujours été son principal atout, mais aussi sa plus grande barrière. Complexe, exigeant et souvent obscur, il a rebuté plus d’un joueur à l’époque. Ce remake réussit le tour de force de moderniser et de clarifier ces mécaniques sans jamais les simplifier à l’extrême. Le cœur du jeu réside dans son système de succession. Lorsque votre empereur actuel perd tous ses points de vie (LP), ou après un certain nombre de batailles marquant un saut temporel, vous devez choisir un héritier parmi une sélection de personnages issus de différentes classes. Cet héritier conserve une partie des statistiques et toutes les compétences débloquées par ses prédécesseurs. Ce cycle de mort et de renaissance est essentiel à la progression. Il vous oblige à penser sur le long terme, à varier les classes de vos empereurs pour débloquer un large éventail de compétences et de formations de combat.
Le système de combat au tour par tour a été repensé avec l’introduction d’une « timeline » qui affiche l’ordre des actions, à la manière d’un Final Fantasy X. Cette nouveauté ajoute une couche stratégique supplémentaire, vous permettant de planifier vos attaques et de briser les actions ennemies. La grande particularité de la série, le système de « Glimmer » (l’illumination), est bien évidemment de retour. Vos personnages n’apprennent pas de nouvelles techniques en montant de niveau, mais en les « imaginant » en plein combat, au hasard d’une attaque. Une ampoule apparaît au-dessus de leur tête, et une nouvelle compétence est acquise. Ce système, bien que basé sur l’aléatoire, est incroyablement addictif et procure une satisfaction immense à chaque découverte. Le remake a eu la bonne idée d’intégrer un suivi des compétences potentielles pour chaque personnage, rendant le processus un peu moins opaque. L’exploration et la progression sont également uniques. Pas de montée de niveau traditionnelle ici. Les statistiques de vos personnages augmentent en fonction des actions qu’ils réalisent en combat. Plus vous utilisez l’épée, plus votre maîtrise de l’épée augmente. De même pour la magie. En revanche, les ennemis, eux aussi, deviennent plus forts à mesure que vous livrez des batailles. Ce système de « scaling » vous pousse à ne pas farmer inutilement et à optimiser chaque affrontement. Il faut choisir ses combats, viser les quêtes qui feront avancer l’histoire de l’empire et débloqueront de nouvelles classes ou de nouveaux territoires.
La version Switch 2 sublime l’ensemble. La fluidité à 60 images par seconde rend les combats extrêmement dynamiques et agréables à l’œil. Les temps de chargement, qui pouvaient hacher le rythme sur la version Switch originale, sont ici quasiment inexistants. Passer de la carte du monde à une ville ou lancer un combat se fait de manière quasi instantanée, ce qui renforce considérablement le confort de jeu et l’immersion. On apprécie également l’ajout de plusieurs niveaux de difficulté, permettant aux nouveaux venus de découvrir l’aventure plus sereinement, tandis que les vétérans pourront retrouver le challenge impitoyable de l’original en mode « Difficile ». C’est une leçon de modernisation, un exemple de la manière dont on peut rendre un gameplay d’antan accessible sans le déposséder de sa profondeur.

Graphismes
La transition d’un univers en 2D pixel art vers une réalisation entièrement en 3D est toujours un exercice périlleux. Le risque de perdre le charme de l’original est grand, et de nombreux remakes s’y sont cassé les dents. Romancing SaGa 2 s’en sort avec les honneurs, même si le résultat pourra diviser. La direction artistique a choisi de s’éloigner du style chibi parfois utilisé dans d’autres remakes de la série pour proposer des modèles de personnages aux proportions plus réalistes, tout en conservant le design inimitable de l’illustratrice Tomomi Kobayashi. Le résultat est globalement une réussite. Les empereurs, les héros et les monstres emblématiques de la saga prennent vie d’une manière inédite.
Les animations en combat sont fluides et dynamiques, et les effets visuels des sorts et des compétences spéciales sont particulièrement soignés, offrant un spectacle de tous les instants. Les environnements, des couloirs du château d’Avalon aux grottes infestées de monstres, ont été entièrement reconstruits en 3D. Le travail sur les textures, l’éclairage et les détails architecturaux est louable. On prend plaisir à redécouvrir ces lieux iconiques sous un nouvel angle, même si l’on peut parfois regretter une certaine propreté, un aspect un peu trop lisse qui contraste avec le grain et l’atmosphère parfois plus sombre des sprites d’origine. C’est ici que la version Switch 2 tire véritablement son épingle du jeu. Alors que la version Switch standard souffrait de quelques ralentissements et d’un aliasing prononcé, la mouture Switch 2 offre une expérience visuelle d’une qualité bien supérieure. La résolution accrue rend les textures plus fines et les détails plus nets, que ce soit en mode portable ou sur un téléviseur. La fluidité constante à 60 images par seconde, nous l’avons déjà mentionné, transforme la perception des combats et de l’exploration. Tout semble plus réactif, plus précis. C’est un confort visuel indéniable qui permet de s’immerger pleinement dans l’aventure sans être gêné par des considérations techniques.
Cependant, tout n’est pas parfait. Certains environnements peuvent paraître un peu vides, et la mise en scène des dialogues, bien que servie par de jolis modèles 3D, reste assez statique. On aurait aimé des cinématiques plus travaillées pour les moments clés du scénario. Malgré ces quelques réserves, la refonte graphique est une réussite. Elle parvient à moderniser l’esthétique du jeu sans trahir l’esprit de l’œuvre de 1993. La performance exemplaire de la version Switch 2 en fait, sans l’ombre d’un doute, la meilleure façon d’apprécier ce travail de titan. C’est un plaisir de voir ce classique renaître sous une forme aussi soignée et techniquement maîtrisée.

Bande Sonore
S’il y a bien un domaine où la série SaGa n’a jamais déçu, c’est celui de sa musique. Et Romancing SaGa 2 ne fait pas exception. Composée à l’origine par le légendaire Kenji Ito, la bande-son du jeu est un monument du J-RPG, mêlant des thèmes épiques, des mélodies mélancoliques et des morceaux de combat d’une énergie folle. Pour ce remake, Kenji Ito est revenu aux commandes pour réarranger l’intégralité des pistes. Et le résultat est tout simplement magistral. Le compositeur a su insuffler une nouvelle vie à ses créations sans jamais les dénaturer. Les orchestrations sont plus riches, les instruments plus variés, et la qualité de la production sonore est irréprochable. Des thèmes aussi iconiques que « The Seven Heroes’ Theme », « Emperor’s Succession » ou le survolté « Last Battle » bénéficient d’une nouvelle dimension, d’une ampleur qui leur rend un hommage vibrant. Chaque note, chaque mélodie semble avoir été ciselée avec un amour infini pour l’œuvre originale. On sent la volonté de sublimer la partition, de lui donner l’écrin qu’elle méritait.
L’une des excellentes idées de ce remake est de proposer au joueur le choix entre la bande-son réarrangée et la version originale de la Super Famicom. Cette option, toujours appréciée des puristes, permet de mesurer le chemin parcouru et de savourer, au choix, la nostalgie brute des chiptunes ou la richesse des nouvelles orchestrations. C’est une marque de respect envers les fans de la première heure qui mérite d’être saluée. Au-delà de la musique, l’habillage sonore global du jeu a également bénéficié d’un soin particulier. Les bruitages en combat ont plus d’impact, les sons d’ambiance dans les villes et les donjons contribuent à l’immersion, et, comme mentionné précédemment, l’ajout de doublages vocaux en anglais et en japonais est un véritable plus. Les acteurs livrent des prestations convaincantes qui donnent du corps aux personnages et renforcent l’intensité des scènes importantes.
La qualité audio de la Switch 2, que ce soit via les haut-parleurs de la console ou avec un casque, permet de profiter pleinement de ce travail d’orfèvre. La musique de Romancing SaGa 2 n’est pas un simple accompagnement ; elle est un acteur à part entière de l’aventure. Elle souligne la bravoure, la tragédie, l’espoir et le désespoir qui jalonnent la longue histoire de l’empire de Varennes. Elle est l’âme du jeu, et cette nouvelle version lui rend le plus beau des hommages. C’est un sans-faute sur le plan musical et sonore, une nouvelle preuve, s’il en fallait une, du génie de Kenji Ito.

Conclusion
Au terme de ce long périple à travers les générations de l’empire de Varennes, le constat est sans appel : Romancing SaGa 2 est une franche réussite, et sa version sur Nintendo Switch 2 en est la consécration ultime. Square Enix a réussi le pari audacieux de ressusciter un classique du J-RPG en le modernisant avec intelligence et respect. Le jeu parvient à conserver son identité forte, son gameplay exigeant et sa structure narrative unique, tout en les rendant plus accessibles et plus agréables à prendre en main pour un public contemporain. Le système de succession impériale, le scénario libre et la progression non-linéaire n’ont rien perdu de leur superbe et offrent une expérience de jeu d’une richesse et d’une rejouabilité rares. La narration, enrichie et approfondie, donne une nouvelle dimension à la lutte contre les Sept Héros, tandis que le système de combat, modernisé avec sa timeline, gagne en clarté stratégique sans sacrifier sa profondeur. Sur le plan technique, la version Switch 2 s’impose comme la référence absolue.
La fluidité irréprochable à 60 images par seconde et les temps de chargement réduits à leur plus simple expression offrent un confort de jeu optimal qui transcende l’expérience. La réalisation graphique, bien que perfectible sur certains aspects, est sublimée par la puissance de la nouvelle console de Nintendo, offrant un spectacle visuel de grande qualité. Enfin, que dire de la bande-son magistralement réarrangée par Kenji Ito, si ce n’est qu’elle frôle la perfection et accompagne l’épopée avec une justesse et une intensité qui forcent l’admiration. Romancing SaGa 2 n’est pas un jeu à mettre entre toutes les mains. Son exigence, sa structure atypique et la part d’aléatoire inhérente à ses mécaniques pourront toujours dérouter les joueurs habitués à des J-RPG plus linéaires et dirigés.
Mais pour ceux qui oseront s’y plonger, pour les curieux en quête d’une aventure différente et pour les fans de la saga, c’est un chef-d’œuvre. Un titre qui prouve que certaines des idées les plus novatrices des années 90 restent d’une pertinence incroyable aujourd’hui. C’est une épopée mémorable, un jeu qui vous marque et dont l’histoire, la vôtre, résonnera longtemps après avoir éteint la console. GameActu lui décerne sans hésiter sa plus haute distinction. Un indispensable de la ludothèque de la Nintendo Switch 2.
