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Project Motor Racing – Le Test !

Lancé en novembre 2025 après une attente fébrile, Project Motor Racing (PMR) se présentait comme le messie de la simulation automobile, porté par l’aura d’Ian Bell et l’appui technique inhabituel de Giants Software. Quelques semaines après sa sortie, le constat est celui d’un titre aux deux visages : une ambition technique démesurée qui se heurte frontalement à une finition que l’on qualifiera poliment d’artisanale. Le jeu tente de s’insérer dans un marché saturé entre un Assetto Corsa Competizione vieillissant mais roi de l’e-sport et un iRacing indéboulonnable sur son modèle économique. Dès le premier lancement, PMR déroute. On n’est pas face à un produit « Triple A » poli dans les moindres recoins, mais face à une plateforme brute, presque squelettique par moments, qui semble encore chercher son identité entre le « sim-racing » pur et dur et le plaisir immédiat. Le pari de Straight4 était risqué : utiliser le moteur de Farming Simulator pour gérer la physique des hautes vitesses. Si ce choix permet des interactions au sol inédites, il apporte aussi son lot de lourdeurs et d’incohérences techniques. Le titre se présente aujourd’hui comme un chantier à ciel ouvert, une promesse de simulateur total qui, pour l’instant, demande au joueur une indulgence rare en 2025. Voyons ensemble de quoi il en retourne dans notre test, les amis !

Capture d'écran nº 0

Scénario

Dans Project Motor Racing, le « scénario » ne suit pas une trame narrative classique avec des personnages ou des enjeux dramatiques scriptés, mais se repose sur un mode carrière qui se veut être une simulation de vie de pilote. Malheureusement, dans son état actuel, cette composante manque cruellement de profondeur et de « vie ». Vous débutez avec un budget restreint, choisissant votre voie parmi quelques disciplines initiales, mais la progression manque de ce sentiment d’ascension épique que l’on trouvait dans les anciens Project CARS. On se retrouve trop souvent à enchaîner des courses sans réel contexte, avec un système de gestion financière qui reste pour l’instant très superficiel. Le jeu propose bien des interactions avec les sponsors et les écuries, mais cela se résume trop souvent à des menus textuels sans grande saveur. L’aspect « carrière » ressemble plus à une suite de championnats mis bout à bout qu’à une véritable épopée dans le monde du sport automobile. Le sentiment d’immersion est également freiné par une interface utilisateur qui manque d’ergonomie, rendant la navigation entre les saisons laborieuse.

On aurait aimé une narration plus organique, des rivalités qui se construisent sur la piste et qui perdurent, mais l’IA actuelle ne permet pas encore ce genre de subtilité. Les pilotes adverses sont des entités anonymes qui ne semblent pas avoir de mémoire de vos actions passées. Le scénario est donc celui que vous vous écrirez vous-même, en vous fixant vos propres objectifs, car le jeu ne fait pas grand-chose pour vous motiver au-delà du plaisir de la conduite pure. On note l’absence de scènes de podiums marquantes, d’interactions avec les médias ou même d’un paddock vivant. C’est un désert narratif où seule la performance brute compte, ce qui pourra satisfaire les puristes mais laissera sur le carreau ceux qui attendent d’un jeu vidéo qu’il raconte une histoire. La promesse d’une « carrière révolutionnaire » s’évapore rapidement face à une structure qui semble dater d’une autre époque, manquant de cette étincelle qui rendait les carrières de pilotes de la décennie précédente si addictives.

Capture d'écran nº 1

Gameplay

Le gameplay est le point névralgique où Project Motor Racing joue son va-tout. Le modèle physique est, de loin, l’aspect le plus réussi et le plus déconcertant du titre. Basé sur la technologie « True2Track », il offre une simulation des pneumatiques d’une complexité rare, prenant en compte la déformation de la carcasse et la température interne de manière extrêmement précise. Cependant, cette précision se traduit par une conduite souvent « nerveuse » et parfois imprévisible, surtout sur les voitures à haute performance comme les LMDh. Le ressenti au volant est riche en informations, mais demande un temps d’adaptation colossal pour ne pas partir en tête-à-queue au moindre coup de gaz excessif. Le bât blesse sérieusement du côté de l’IA : elle est actuellement l’un des points noirs majeurs du jeu. Les adversaires ont une fâcheuse tendance à ignorer votre présence sur la piste, suivant leur ligne de course coûte que coûte, ce qui provoque des collisions absurdes et gâche l’expérience de course propre. Le système de pénalités, bien que revu récemment, reste arbitraire et punit souvent le joueur pour des erreurs causées par l’IA elle-même.

En ligne, le constat est tout aussi mitigé. Si le netcode semble tenir la route lors des sessions fluides, les bugs de collisions sont fréquents et peuvent ruiner une course de 20 minutes en un instant. Le gameplay manque également de « fonctionnalités de confort » devenues standards : le système de radar est rudimentaire, les arrêts aux stands sont visuellement pauvres et manquent de la tension stratégique nécessaire. Le pilotage à la manette, bien que « possible », reste une expérience frustrante tant le jeu a été pensé exclusivement pour le matériel haut de gamme (les volants Direct Drive). C’est un gameplay de « niche pour la niche », gratifiant quand tout fonctionne, mais punitif et injuste dès qu’un bug ou une erreur d’IA survient. La gestion des dégâts mécaniques est présente mais manque de nuance : soit votre voiture est intacte, soit elle est inconduisible après un choc mineur, illustrant une fois de plus ce manque de finition globale qui entache le plaisir de jeu au quotidien.

Capture d'écran nº 2

Graphismes

Sur le plan visuel, Project Motor Racing souffle le chaud et le froid avec une violence rare pour un titre de 2025. D’un côté, la modélisation des circuits est d’une précision exemplaire grâce à un usage massif de la photogrammétrie. Le rendu du bitume et, paradoxalement, de l’herbe est impressionnant de réalisme. Les voitures sont également modélisées avec un soin maniaque, avec des habitacles qui transpirent l’authenticité. Cependant, dès que la machine se met en mouvement, le tableau s’assombrit. Le moteur de Giants Software semble peiner à gérer les effets de vitesse et les éclairages dynamiques de manière cohérente. On observe fréquemment des problèmes de clipping, des ombres qui scintillent de manière désagréable et une colorimétrie qui peut paraître délavée selon l’heure de la journée. Les transitions jour/nuit, bien que fonctionnelles, manquent de la majesté visuelle d’un Forza Motorsport ou d’un Gran Turismo 7.

Plus grave encore, l’optimisation technique est aux abonnés absents pour une grande partie des joueurs PC. Même avec une configuration musclée, maintenir un 60 FPS stable en 4K avec une grille complète de 30 voitures relève du miracle. Les chutes de framerate sont monnaie courante lors des passages dans les stands ou sous une pluie battante. Les effets de particules, comme les projections d’eau, manquent de densité et semblent parfois flotter au-dessus de la piste sans réel lien physique. Sur consoles, le compromis est encore plus visible avec des textures simplifiées et une résolution dynamique qui a tendance à s’effondrer dès que l’action s’intensifie. Project Motor Racing est beau en photo, mais il manque cruellement de fluidité et de cohérence visuelle une fois en course, ce qui est impardonnable pour une simulation où la clarté visuelle et la stabilité de l’image sont essentielles pour la précision du pilotage.

Capture d'écran nº 3

Bande Sonore

La partie sonore de Project Motor Racing est sans doute l’élément le plus « brut » de l’expérience. Loin des mixages lissés et flatteurs de la concurrence, Straight4 a misé sur une approche presque documentaire du son. Les moteurs hurlent, vibrent et saturent de manière organique, ce qui est rafraîchissant pour les puristes qui cherchent à retrouver l’agression auditive d’un véritable circuit. Les sons d’ambiance, comme le vent ou le roulement des pneus, sont bien présents et participent à la sensation d’immersion. Malheureusement, ce réalisme sonore est desservi par un manque de finition évident dans le mixage global. Par moments, certains sons prennent le pas sur tout le reste sans raison apparente : le bruit des passages sur les vibreurs peut devenir assourdissant, tandis que les indications de votre ingénieur de piste sont étouffées par le moteur. L’ingénieur, parlons-en : ses répliques sont limitées, répétitives et manquent cruellement de naturel. On a l’impression d’écouter un GPS des années 2010 plutôt qu’un technicien de course pro-actif. D

e plus, de nombreux bugs sonores subsistent, comme des sons de moteurs qui se coupent brutalement lors d’un changement de vue ou des effets de réverbération qui s’activent de manière incohérente dans certains tunnels ou sous des ponts. Les bruits d’impact sont également décevants, ressemblant souvent à des bruits de plastique creux plutôt qu’à de la tôle froissée ou du carbone qui éclate. La bande-son musicale des menus est anecdotique, faisant le job sans pour autant rester en tête. Globalement, si l’intention de proposer un son « pur et dur » est louable, l’exécution manque de la polish nécessaire pour que l’oreille ne soit pas régulièrement agressée par des anomalies techniques. C’est une symphonie mécanique qui demande encore pas mal d’accords avant d’être harmonieuse, laissant une impression d’inachevé qui colle décidément à tous les compartiments du jeu.

Capture d'écran nº 4

Conclusion

Project Motor Racing est un titre qui, en l’état actuel, ne peut être recommandé qu’à une frange très spécifique et patiente de la communauté sim-racing. Malgré ses ambitions de renverser l’ordre établi, il souffre de lacunes trop importantes pour prétendre au trône. Son modèle de physique exceptionnel et sa précision topographique sont constamment sapés par une IA défaillante, une optimisation technique aléatoire et un manque de contenu narratif ou structurel flagrant. On a l’impression d’avoir acheté une plateforme de développement plutôt qu’un jeu fini. Pour les passionnés de réglages et de « hotlapping » (tours rapides en solitaire), PMR offre des sensations de conduite gratifiantes et un retour de force riche qui permettent de passer outre les défauts. Mais pour quiconque cherche une expérience de course complète, compétitive et stable, le chemin est encore long. Le jeu est sorti trop tôt, c’est une évidence que même les mises à jour régulières peinent à masquer. À l’heure actuelle, il s’agit d’un investissement sur l’avenir plus que d’un plaisir immédiat. Si Straight4 parvient à stabiliser les performances et à réécrire totalement le comportement de l’IA, PMR pourrait devenir un classique. Pour l’instant, c’est une curiosité technique fascinante mais frustrante, qui rappelle que la passion ne remplace pas toujours une phase de polissage rigoureuse. C’est un jeu qui a du cœur et des tripes, mais qui manque cruellement de cerveau dans sa gestion de la course et de l’utilisateur. Si vous avez un cockpit à plusieurs milliers d’euros et du temps à perdre dans les fichiers de configuration, l’aventure peut valoir le coup. Pour les autres, il est sans doute plus sage d’attendre que le chantier progresse davantage avant de s’engager sur cette piste encore bien trop piégeuse.

Capture d'écran nº 8

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