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[AVIS] Hell is Us – Le Test !

Bonjour à toutes et à tous, fidèles lecteurs de GameActu. C’est avec une fébrilité non dissimulée que je prends aujourd’hui la plume, ou plutôt que je martyrise mon clavier, pour vous livrer le test complet de l’un des titres les plus énigmatiques et attendus de cette année 2025 : Hell is Us. Développé par le studio Rogue Factor et édité par Nacon, ce jeu d’action-aventure à la troisième personne a fait couler beaucoup d’encre numérique bien avant sa sortie, notamment grâce à une promesse aussi radicale qu’intrigante : plonger le joueur dans un monde sans carte, sans boussole et sans le moindre marqueur de quête. Une proposition à contre-courant des productions modernes qui, avouons-le, a de quoi séduire les vétérans en quête d’une expérience authentique et exigeante. Après des dizaines d’heures passées à arpenter ses paysages désolés, à affronter ses créatures cauchemardesques et à percer ses mystères insondables, il est temps de vous livrer mon verdict. Alors, cette descente aux enfers annoncée est-elle une réussite mémorable ou une expérience frustrante à oublier ? Attachez vos ceintures, car le voyage qui suit est aussi éprouvant que fascinant.

 

 

Introduction : L’enfer, c’est l’absence de repères

 

Dès les premières minutes, Hell is Us impose sa vision sans le moindre compromis. Oubliez tout ce que vous pensiez savoir sur les jeux d’aventure modernes. Ici, le joueur est volontairement lâché dans un monde hostile et déroutant, privé de tous les artifices de confort auxquels nous sommes désormais habitués. Pas de mini-carte pour nous indiquer le chemin, pas de journal de quêtes pour nous rappeler nos objectifs, pas même une simple boussole pour nous orienter. Cette décision de design, aussi audacieuse que clivante, constitue le cœur même de l’expérience proposée par Rogue Factor. Le studio québécois, à qui l’on doit notamment Necromunda: Underhive Wars, change radicalement de registre pour nous offrir une œuvre à la fois contemplative et viscérale, qui puise son inspiration dans des titres aussi exigeants que la série des Souls ou encore Death Stranding, tout en parvenant à forger sa propre identité.

L’ambition est palpable : nous faire ressentir la perdition, la solitude et la peur d’un protagoniste évoluant dans un univers qui ne lui fait aucune concession. Le pari est risqué, car en retirant ces béquilles de gameplay, le jeu s’expose à un écueil majeur : la frustration. Et pourtant, force est de constater que la formule fonctionne, du moins en grande partie. Car si l’errance est bien réelle, elle est aussi source d’une satisfaction immense à chaque découverte, à chaque énigme résolue par nos propres moyens, à chaque chemin que l’on parvient à tracer dans cet enchevêtrement de paysages dévastés. Hell is Us n’est pas un jeu qui se consomme, c’est une expérience qui se vit, qui s’apprivoise et qui marque durablement. Il exige du joueur un investissement total, une attention de tous les instants et une capacité de déduction mise à rude épreuve.

C’est un retour aux sources du jeu d’aventure, à une époque où l’exploration était une récompense en soi et non un simple moyen de se rendre d’un point A à un point B. Cette approche radicale ne plaira certainement pas à tout le monde, et les joueurs en quête d’une expérience plus dirigiste risquent de rapidement déchanter. Mais pour ceux qui sont prêts à se laisser happer par son atmosphère unique et à accepter ses règles impitoyables, Hell is Us offre une aventure d’une rare intensité, une de celles qui continuent de nous hanter bien après avoir posé la manette.

 

 

Scénario : Une guerre sans nom et une calamité sans visage

 

L’univers de Hell is Us nous plonge au cœur d’un pays fictif, la République de Hadea, ravagé par une guerre civile aussi brutale qu’interminable. Dans ce contexte de chaos et de désolation, une mystérieuse « Calamité » a fait son apparition, matérialisant des créatures cauchemardesques, sortes de statues de marbre blanc animées par une haine insondable et recouvertes d’une étrange substance noire. C’est dans ce décor apocalyptique que nous incarnons Rémi, un jeune homme au passé trouble, de retour dans son pays natal pour des raisons qui lui sont propres. Le récit, volontairement cryptique et parcellaire, se dévoile au compte-gouttes, à travers des dialogues énigmatiques avec les rares survivants, des documents éparpillés dans le décor et, surtout, par le biais de l’exploration et de l’observation. Le jeu refuse toute narration explicite et préfère laisser le joueur assembler lui-même les pièces du puzzle. Qui est vraiment Rémi ? Quel est le lien entre la guerre civile et l’apparition de la Calamité ? Quelles sont les motivations des différentes factions qui se déchirent le pays ? Autant de questions qui trouveront des réponses, ou du moins des pistes de réflexion, au fil de notre progression. Cette narration environnementale, qui rappelle inévitablement les productions de FromSoftware, est d’une efficacité redoutable pour créer une atmosphère pesante et immersive.

Chaque lieu visité raconte une histoire, chaque cadavre porte les stigmates d’un drame, chaque inscription sur un mur est un témoignage de la folie des hommes. Le jeu aborde des thématiques fortes et universelles, telles que les horreurs de la guerre, le cycle de la violence, la perte et le deuil, avec une maturité et une subtilité rares. L’écriture est d’une grande qualité, et les dialogues, bien que souvent sibyllins, sont porteurs d’une véritable profondeur philosophique. Les personnages que l’on rencontre sont tous marquants, rongés par leurs propres démons et luttant pour leur survie dans un monde qui a perdu toute humanité. Le scénario de Hell is Us n’est pas de ceux qui se livrent facilement, il exige de la patience et de l’interprétation. Mais pour le joueur qui saura lire entre les lignes et s’imprégner de son ambiance mélancolique, il offre une expérience narrative riche et poignante, une réflexion sombre et pertinente sur la nature humaine.

Toutefois, il y a beaucoup de documents à l’écriture cryptique, surtout en ce qui concerne l’aspect religieux et historique de l’univers de Hell is Us et il faut avouer qu’on a tendance à vite s’y perdre. Ce dernier point est important, car au fur et à mesure qu’on avance dans le scénario, on a du mal à rester dans l’histoire du jeu, à garder le fil de cette guerre et le dénouement final semble alors un peu précipité et peu compréhensible. On pourrait même penser que c’est volontaire de la part du studio, faire comprendre aux joueurs que les histoires de la plus haute importances et qui nous dépassent sont au final au second plan par rapport à des histoires de PNJ qui nous prennent bien plus au tripes car plus terre à terre et brutales, des tranches de vie désolées qu’on prends en pleine tronche et qui marquent.

 

 

Gameplay : L’art de se perdre pour mieux se trouver

 

Comme évoqué précédemment, la pierre angulaire du gameplay de Hell is Us réside dans son refus total de l’assistanat (pour les plus chipoteurs, oui vous pouvez utiliser une boussole). Privé de carte et de repères, le joueur doit se fier à son sens de l’orientation, aux indications données par les PNJ et aux indices disséminés dans l’environnement pour progresser. Un croquis sur un carnet, une conversation surprise au détour d’un campement, la direction d’une fumée au loin, le toit d’un monastère dans le paysage… tout est prétexte à l’exploration et à la déduction. Cette approche, qui pourrait de prime abord sembler rébarbative, se révèle en réalité incroyablement gratifiante. On redécouvre le plaisir de l’aventure avec un grand A, celui de se sentir véritablement perdu dans un monde inconnu et de parvenir à trouver son chemin par ses propres moyens. Le level design, d’une intelligence remarquable, a été pensé pour guider subtilement le joueur sans jamais le prendre par la main. Les chemins s’entremêlent, les raccourcis se dévoilent, et chaque zone est conçue comme une vaste énigme à ciel ouvert (ou un labyrinthe pour les environments un peu plus clos).

L’exploration est également rythmée par de nombreux puzzles environnementaux, souvent bien intégrés et exigeant une observation attentive de ce qui nous entoure, comme par exemples les messages laissés, les titres d’oeuvres d’art etc. Il faudra par exemple récupérer la combinaison d’un coffre en se basant sur des dates dans des peintures, ou encore trouver le bon ordre pour activer des stèles en se basant sur un texte ancien. Ces énigmes, bien que parfois ardues (voir très ardues), ne sont jamais insurmontables et contribuent à renforcer le sentiment d’accomplissement. Mais Hell is Us n’est pas qu’un jeu d’exploration et de réflexion, c’est aussi un jeu d’action exigeant. Les combats, qui rappellent là encore la philosophie des Souls, sont lents, méthodiques et punitifs. Chaque affrontement contre les créatures de la Calamité est un duel à mort où la moindre erreur se paie cash. Il est primordial d’étudier les patterns de ses adversaires, de maîtriser l’art de l’esquive et de la parade, et de savoir quand placer ses attaques, et quand appuyer sur R1 pour pouvoir récupérer un peu de santé, comme dans Bloodborne.

Rémi dispose d’un arsenal varié, surtout des armes de corps à corps simples ou doubles et dont le maniement varie d’une arme à l’autre, accompagné de glyphes qui sont des capacités spéciales variées, ainsi que d’un drone avec des capacités offensives plutôt stylées. Il est possible de faire des buils différents, en fonction de la nature, non élémentale, mais basé sur 4 sentiments : Chagrin, Rage, Terreur, Extase ainsi qu’un build neutre. On peut aussi ajouter des reliaques actives et défenses. Les différentes capacités liées aux armes, ainsi qu’au drone, sont lançable via les boutons L2 et R2 + une des 4 touches d’actions principales

Le système de combat, bien que solide, n’est cependant pas exempt de défauts. On pourra lui reprocher un certain manque de variété dans le bestiaire dont les ennemis différents se comptent sur les doigts d’une main et des affrontements qui peuvent devenir répétitifs sur la durée. De plus, la caméra se montre parfois capricieuse dans les espaces confinés, ce qui peut entraîner quelques morts frustrantes. Malgré ces quelques écueils, le gameplay de Hell is Us est une véritable réussite et on peut toujours diminuer la difficulté des combats si le besoin s’en ressent.

La durée de vie est assez conséquente, il m’a fallu 40 heures pour venir au bout du scénario, tout en accomplissant, sans m’acharner, les différentes enigmes et bonnes actions liées aux PNJ, et je dirais que je suis à la moitié de ces quêtes secondaires.  Il offre une expérience unique et immersive, qui récompense la patience, l’observation et la persévérance. C’est un jeu qui ose aller à l’encontre des conventions et qui parvient à offrir une aventure aussi exigeante que mémorable.

 

 

Graphismes : Une beauté macabre sous Unreal Engine 5

 

Sur le plan visuel, Hell is Us est une œuvre qui marque la rétine. Tournant sous le moteur Unreal Engine 5, le jeu de Rogue Factor nous gratifie de panoramas à la fois somptueux et désolants. Les paysages de la République de Hadea, bien que dévastés par la guerre et la Calamité, sont empreints d’une beauté macabre saisissante. Forêts lugubres baignées dans une brume épaisse, villages en ruines figés dans le temps, plaines inondées jonchées de carcasses de véhicules militaires… chaque environnement est un tableau vivant qui transpire la désolation et la mélancolie. La direction artistique est d’une cohérence sans faille, et le travail sur les éclairages et les atmosphères est tout simplement remarquable. Le jeu alterne entre des phases d’exploration diurnes, où la lumière blafarde du soleil peine à percer les nuages, et des incursions dans des grottes et caves angoissantes, où seule notre lampe torche nous sert de guide. Cette maîtrise de l’ambiance visuelle contribue grandement à l’immersion et au sentiment d’oppression constant qui se dégage du titre.

Le design des créatures est également une franche réussite. Ces statues de marbre animées, à la fois gracieuses et terrifiantes, sont un véritable cauchemar pour le joueur. Leurs animations, rigides et saccadées, renforcent leur caractère inhumain et imprévisible. Sur le plan technique, le bilan est globalement positif. Le jeu est fluide sur les consoles de nouvelle génération, j’ai rarement eu des chutes de framerates. Les textures sont fines, la modélisation des personnages est convaincante et les effets de particules sont réussis. On notera toutefois quelques légers ralentissements lors des transitions entre les zones les plus ouvertes, ainsi que quelques bugs de collision mineurs. Rien de bien méchant, mais il est important de le souligner. Petite déception sur les animations de finish dans certains combats, comme dans God of War, où c’est parfois un peu brouillon et pas très réussi.

En définitive, Hell is Us n,’est peut être pas une grande claque visuelles. mais sa direction artistique inspirée, son ambiance maîtrisée et sa réalisation technique solide en font l’un des plus beaux jeux de cette année. C’est une invitation au voyage dans un monde à la fois magnifique et terrifiant, une expérience contemplative qui ne laissera personne indifférent. Rémi, lui, ne semble pas avoir bénéficié d’une grande recherche pour être vraiment emblématique, mais avec du recul, je suis persuadé que c’est aussi une volonté du studio : proposer un héro qui ne l’est pas vraiment, juste un type comme vous et moi qui tend la main aux gens qui en ont besoin pour se retrouver au milieu d’une histoire qui le dépasse.

 

 

Bande sonore : Le silence assourdissant de la désolation

 

Dans un jeu qui mise autant sur l’atmosphère et l’immersion, la bande sonore joue un rôle prépondérant. Et de ce côté-là, Hell is Us ne déçoit pas. Le compositeur, dont le travail n’est pas sans rappeler les œuvres d’un certain Akira Yamaoka sur la série Silent Hill, a su créer un environnement sonore à la fois discret et angoissant, qui colle parfaitement à l’univers sombre et mélancolique du titre. La musique se fait rare, laissant souvent place à un silence pesant, uniquement brisé par le bruit du vent dans les arbres, le craquement de nos pas sur le sol jonché de débris, ou le grognement lointain d’une créature. Cette approche minimaliste est d’une efficacité redoutable pour installer une tension permanente. Lorsque la musique se fait entendre, c’est généralement pour accentuer l’ambiance, parfois avec des sons tonitruants, mécaniques et industriels, voir répétifis et hypnotisants.

Le sound design est lui aussi à la hauteur. Chaque son a été travaillé avec un soin méticuleux pour renforcer l’immersion. Le cliquetis métallique de nos armes, le son étouffé d’une explosion au loin, les murmures incompréhensibles des statues de la Calamité… tout contribue à créer un monde crédible et vivant, malgré la désolation ambiante. Les doublages, disponibles en plusieurs langues dont le français, sont également de bonne facture sans pour autant être excellents. Les acteurs livrent des prestations justes et convaincantes la plupart du temps, et parviennent à donner vie à des personnages torturés et complexes. Mention spéciale au doublage du protagoniste, Rémi, dont la voix lasse et désabusée retranscrit parfaitement le poids du passé qui pèse sur ses épaules.

En conclusion, la bande sonore de Hell is Us est une véritable réussite. Discrète mais terriblement efficace, elle est un élément essentiel de l’expérience et contribue grandement à l’atmosphère unique et envoûtante du jeu. C’est une partition remplie de fausses notes assumées, qui saura séduire les amateurs d’ambiances sombres et contemplatives.

 

 

Conclusion : Une pépite brute qui ne demande qu’à être polie

 

Au terme de ce long périple au cœur des ténèbres, le constat est sans appel : Hell is Us est une expérience à part, une œuvre audacieuse et intransigeante qui ne laissera aucun joueur indifférent. En faisant le pari radical de supprimer toute forme d’assistance, Rogue Factor nous offre une aventure d’une rare intensité, un retour aux sources du jeu d’aventure qui fait un bien fou. L’exploration est gratifiante, l’ambiance est maîtrisée, et le scénario, bien que cryptique, est d’une richesse insoupçonnée. Le jeu n’est cependant pas parfait. Son système de combat, bien que solide, manque de variété et peut devenir répétitif, et sa narration parcellaire risque de laisser sur le carreau les joueurs en quête d’un récit plus explicite.

Mais ces quelques défauts sont bien peu de choses face aux innombrables qualités du titre. Hell is Us est une pépite brute, un diamant noir qui ne demande qu’à être poli. C’est un jeu qui a une âme, une vision, et qui n’a pas peur d’aller à contre-courant des productions actuelles. Il ne plaira certainement pas à tout le monde, et c’est peut-être là sa plus grande force. Car dans un paysage vidéoludique de plus en plus aseptisé, il est bon de voir des développeurs qui osent encore prendre des risques et proposer des expériences qui sortent des sentiers battus.

Si vous êtes un amateur d’aventures exigeantes, d’atmosphères sombres et d’exploration sans concession, alors n’hésitez pas une seule seconde : foncez. Hell is Us est l’un des meilleurs jeux de cette année, et il serait dommage de passer à côté d’une telle expérience. Une descente aux enfers dont on ne ressort pas indemne, mais dont on se souviendra longtemps.

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