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[AVIS] Death Stranding 2 : On The Beach – Le Test

Le Tsunami Métaphysique

 

La marée est enfin montée. Après des années d’attente, de théories et de bandes-annonces cryptiques, Death Stranding 2: On the Beach a déferlé sur nos PlayStation 5 le 26 juin 2025. Hideo Kojima nous avait laissés sur une plage existentielle avec un premier opus qui avait polarisé le monde du jeu vidéo ; il nous y ramène avec une force décuplée, prouvant que le reflux n’était qu’une préparation à un véritable tsunami narratif et ludique. Le premier Death Stranding nous interrogeait sur la nécessité de créer du lien. Cette suite, comme promis, ose poser la question inverse, plus dérangeante : la connexion universelle a-t-elle été une erreur ? Dès les premières heures, le ton est donné. Nous retrouvons un Sam Porter Bridges plus las, presque en retrait du monde qu’il a contribué à sauver, mais qui est violemment rattrapé par la réalité d’un réseau chiral devenu incontrôlable. L’organisation Drawbridge, menée par une Fragile déterminée, l’entraîne dans une nouvelle odyssée qui dépasse les frontières américaines pour s’étendre à de nouveaux continents, notamment un Mexique magnifiquement recréé. Loin d’être une simple suite itérative, On the Beach se ressent comme une œuvre totale, une version 2.0 de la vision de Kojima, plus assurée, plus vaste et plus généreuse.  Voyons ensemble de quoi il en retourne dans notre test exclusif, les amis !

Scénario : Chroniques d’un Monde Noyé

 

Le scénario de Death Stranding 2: On the Beach est un labyrinthe. Un dédale narratif où chaque couloir est une révélation et chaque pièce une nouvelle énigme. Kojima pousse les potards de la complexité à leur maximum, livrant une histoire qui surpasse en tous points celle de son prédécesseur en termes de rebondissements et de profondeur thématique. L’intrigue démarre environ un an après la fin du premier jeu. Le Réseau Chiral, loin d’être la panacée espérée, est devenu une source de nouveaux dangers. Des « vagues d’extinction » menacent de déconnecter violemment ce que Sam avait si péniblement unifié. Le salut, selon Drawbridge, viendrait d’une extension du réseau à l’échelle mondiale, afin de stabiliser et de comprendre ce phénomène. C’est le point de départ d’un périple qui nous mène bien au-delà des UCA, dans les déserts arides du Mexique et les paysages escarpés d’autres contrées.

Le personnage de Fragile, magnifiquement interprété par Léa Seydoux, gagne en épaisseur. Elle n’est plus la victime que l’on a connue, mais une leader charismatique qui porte le poids de ses décisions. Son compagnon-marionnette, qui s’avère être une interface directe avec le monde des morts, est au cœur de nombreuses révélations sur la nature de la Plage et des Échoués. Les nouveaux personnages, incarnés par Elle Fanning et George Miller, sont de la trempe de ce que le premier opus proposait en termes de personnages à la personnalité profonde et originale. Le personnage de Miller, en particulier, est un antagoniste mémorable, une sorte de « Joker » cyborg dont les motivations se dévoilent peu à peu, offrant une critique acerbe de l’individualisme et du chaos. Sa faction, « The Puppeteers », et leur armée de créatures robotiques offrent une opposition idéologique fascinante à la philosophie de la connexion de Drawbridge.

 

 

Les thèmes abordés sont plus sombres et plus politiques. Le jeu questionne la désinformation, l’intelligence artificielle, la nature de la conscience et les dangers d’une société hyper-connectée où chaque information peut être falsifiée. Le retour de Higgs, campé par un Troy Baker au sommet de sa forme, offrant des scènes d’anthologie et des retournements de situation qui redéfinissent complètement ce que l’on pensait savoir sur le personnage. La qualité d’écriture et la mise en scène est aux petits oignons et emprunte plus que jamais au cinéma. Les dialogues sont denses, les cinématiques longues, mais elles servent un propos d’une richesse rare.

C’est une histoire qui demande de la patience, qui se mérite, mais qui récompense le joueur par une conclusion qui est à la fois spectaculaire, émouvante et pousse à une profonde réflexion sur notre propre monde. Le jeu questionne aussi la place de l’individu et son importance ou justement le fait qu’il ne soit plus important, car là où Sam était un protagoniste avec un rôle vital dans le premier opus, dans ce deuxième episode on ressent beaucoup moins cet aspect, car au final n’importe qui aurait pu remplacer Sam dans la trame du deuxième opus. Et ce dernier point pourrait au final délaisser une partie des joueurs car on se sent un peu moins impliqués.

 

 

Gameplay : Le Plaisir de la Traversée Magnifié

 

Si le gameplay du premier opus, souvent résumé à un « simulateur de marche », a pu en rebuter certains, celui de Death Stranding 2: On the Beach a été revu  pour offrir améliorations et ajouts significatifs. Le cœur de l’expérience reste le même : la traversée. Sam doit toujours livrer des colis, gérer son équilibre, son endurance et son équipement. Mais tout est plus fluide, plus dynamique et plus varié. La première grande évolution vient du monde lui-même. Les nouvelles régions offrent une topographie beaucoup plus complexe et des défis environnementaux inédits. Les déserts mexicains introduisent des tempêtes de sable qui désorientent et endommagent le matériel, tandis que d’immenses zones inondées ou des chaînes de montagnes quasi-infranchissables demandent l’utilisation de nouveaux outils et véhicules. Le Magellan, le navire-base de Drawbridge, sert de hub mobile et modifie la structure du jeu, offrant plus de flexibilité dans l’exploration de ce monde plus ouvert et moins linéaire que celui des UCA. Le système de combat a été entièrement repensé. Face aux nouvelles menaces robotiques, Sam dispose d’un arsenal bien plus étoffé, avec des armes non-létales électrifiantes, des pièges et même des options de piratage.

Les affrontements sont plus nerveux, plus tactiques et mieux intégrés à l’exploration. L’action est plus présente, mais elle ne prend jamais le pas sur l’essence du jeu : la planification et le voyage. Les combats de boss, en particulier, sont des moments épiques et visuellement spectaculaires. L’aspect collaboratif asynchrone est toujours aussi central, et même amélioré. Les joueurs peuvent désormais construire des structures plus complexes, comme des monorails pour traverser rapidement de vastes étendues ou des abris améliorés offrant de nouveaux services. Le sentiment de participer à un effort collectif pour dompter un monde hostile est plus puissant que jamais. En somme, Kojima Productions a écouté les retours. Ils ont conservé l’âme contemplative et exigeante du premier jeu tout en y injectant une dose massive de « fun », de variété et d’outils qui rendent chaque livraison plus gratifiante. C’est une formule affinée à la perfection, qui parvient à rendre le simple fait de voyager profondément satisfaisant. Malgré tout, au fil des missions secondaires, la redondance s’installe et le jeu s’avère clairement répétitif malgré l’aspect contemplatif de l’environnement.

 

 

Graphismes : Une Fresque Technique Éblouissante

 

Sur le plan technique et artistique, Death Stranding 2: On the Beach est une des nouvelles références de la PlayStation 5 Pro. Le moteur Decima, poussé dans ses derniers retranchements, livre une performance qui laisse sans voix. C’est un de ces jeux qui définissent une génération de console, une vitrine technologique qui met en lumière la puissance de la machine de Sony. La fidélité visuelle est tout simplement stupéfiante. La modélisation des visages atteint un niveau de réalisme inédit, où chaque pore de la peau, chaque larme, chaque expression est retranscrite avec une authenticité qui sert magnifiquement la narration. Les performances d’acteurs comme Léa Seydoux ou Norman Reedus sont sublimées par cette technologie, créant un attachement émotionnel d’une rare intensité. Les environnements sont le véritable tour de force du jeu. La variété des biomes, des déserts de sel aveuglants aux jungles luxuriantes en passant par des zones dévastées par des phénomènes spectraux, offre un spectacle constant. La direction artistique de Yoji Shinkawa est plus inspirée que jamais, créant des paysages d’une beauté désolée et poétique.

La distance d’affichage, la richesse des textures, la complexité de la végétation et la qualité des effets de particules sont clairement à la hauteur des espérances de ce que peux offrir l’hardware de la PS5 Pro. Les effets météorologiques dynamiques sont particulièrement impressionnants. Assister à une tempête chirale qui transforme le paysage en temps réel, avec des pluies torrentielles et des éclairs zébrant un ciel d’encre, est une expérience visuelle et sonore inoubliable. La gestion de la physique, que ce soit celle de l’eau, du sable ou des structures qui s’effondrent, contribue à un sentiment d’immersion totale dans un monde tangible et réactif. Le jeu est un chef-d’œuvre visuel. Il tourne avec une fluidité remarquable sur PS5 Pro, offrant des modes performance et qualité qui permettent à chacun de profiter de l’expérience dans des conditions optimales. C’est une claque graphique, un voyage dont chaque panorama pourrait être une carte postale d’un autre monde, prouvant que la technologie, quand elle est au service d’une vision artistique forte, peut créer de la pure magie. Cerise sur le gâteau, il n’y a pas de temps de chargement !

 

 

Bande Sonore : La Mélodie du Monde d’Après

 

L’expérience Death Stranding a toujours été indissociable de son identité sonore. Pour ce second opus, Hideo Kojima a orchestré une bande-son encore plus riche et poignante, qui s’impose comme l’une des meilleures de ces dernières années. Le travail de Ludvig Forssell est de retour, mais il est cette fois accompagné par une myriade d’autres artistes, dont le compositeur français Woodkid, dont la contribution avait déjà profité au premier épisode. La musique orchestrale et électronique se marie à la perfection, épousant chaque moment de l’aventure. Les longues marches contemplatives sont bercées par des nappes de synthétiseurs éthérées et des mélodies au piano d’une infinie tristesse, renforçant le sentiment de solitude de Sam. Lors des phases d’action ou des combats de boss, la musique explose dans des crescendos industriels et épiques qui font monter l’adrénaline. L’utilisation de chansons d’artistes existants, marque de fabrique de la série, est de retour et fait encore des merveilles. Se voir récompensé après une livraison difficile par le déclenchement d’un morceau folk ou électro-pop parfaitement choisi, alors que la caméra s’élève pour dévoiler un panorama sublime, reste un des grands plaisirs du jeu.

Il y a des moments de grâce pure, où la synergie entre l’image, le son et l’émotion du joueur atteint des sommets. Le sound design est d’une précision et d’une richesse inouïes. Le bruit du vent dans les canyons, le clapotis de l’eau, le son des pas de Sam qui change en fonction de la surface, le souffle angoissant des Échoués… chaque son est travaillé pour ancrer le joueur dans ce monde et lui donner des informations cruciales sur son environnement. Le doublage, que ce soit en version originale ou dans les différentes langues, est de très bonne facture. Le casting cinq étoiles livre des performances habitées, pleines de nuances, qui donnent vie à ces personnages complexes et torturés. En définitive, la bande sonore de Death Stranding 2: On the Beach n’est pas un simple habillage. Elle est une composante essentielle de l’expérience, un personnage à part entière qui guide, émeut, et terrifie. C’est une œuvre musicale qui continuera de résonner dans l’esprit des joueurs bien après avoir posé la manette.

 

 

Conclusion : Un Chef-d’Œuvre Incontournable

 

En conclusion, Death Stranding 2: On the Beach n’est pas seulement une suite réussie, c’est une consécration. Hideo Kojima a pris la formule unique et clivante de son premier jeu et l’a améliorée sur absolument tous les plans. Le résultat est une œuvre monumentale, plus accessible sans pour autant renier sa complexité, plus spectaculaire sans perdre son âme contemplative. C’est un jeu qui a écouté les critiques pour se rendre plus agréable à jouer, avec un gameplay plus dynamique, une plus grande variété de situations et une structure moins répétitive. Les ajouts sont pertinents, les améliorations bienvenues, et le plaisir de la traversée et de la connexion asynchrone n’a jamais été aussi puissant. Sur le plan narratif, c’est une fresque de science-fiction mature, dense et profondément humaine, qui ose poser des questions complexes sur notre monde et notre avenir. Portée par une mise en scène magistrale et des personnages inoubliables, l’histoire captive, déroute et émeut jusqu’à un final qui, de l’avis de tous, est d’une puissance rare.

Techniquement et artistiquement, le jeu est une vitrine éblouissante pour la PlayStation 5, un chef-d’œuvre visuel et sonore qui nous transporte dans un monde d’une beauté et d’une cohérence incroyables. Death Stranding 2: On the Beach est une expérience totale, un de ces jeux qui marquent une génération par leur ambition, leur audace et leur capacité à fusionner gameplay et narration pour créer quelque chose d’unique. Ce n’est peut-être toujours pas un jeu pour tout le monde en raison de son rythme souvent lent, contemplatif, sa répétitivité et de sa densité, mais pour ceux qui se laisseront tenter par le voyage, il représente sans aucun doute l’un des plus grands chefs-d’œuvre de ces dernières années. Un incontournable absolu et un candidat plus que sérieux au titre de Jeu de l’Année 2025.

 

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