Absolum arrive sur nos consoles et PC avec une ambition claire : dépoussiérer le genre classique du beat’em up 2D en lui greffant les mécaniques modernes et addictives du rogue-lite. Ce mariage, baptisé « rogue’em up », est le fruit d’une collaboration prometteuse entre Guard Crush Games (connus pour Streets of Rage 4) et Supamonks pour la direction artistique. Le résultat est un titre qui non seulement honore l’esprit arcade de ses aînés, mais l’enrichit d’une profondeur, d’une rejouabilité et d’une complexité de build inédites pour le genre. Voyons ensemble de quoi il en retourne dans notre test, les amis !

Scénario
Le cadre narratif d’Absolum se déroule dans le monde de Talamh, fracturé par un cataclysme magique. Cette crise a permis au Roi Soleil Azra d’asservir les magiciens et de prendre le contrôle, instaurant un règne de terreur. Le joueur incarne l’un des quatre rebelles – Galandra, Karl, Brome, et d’autres déblocables – qui forment le cœur de la résistance.
L’histoire est simple, mais efficace : une quête pour restaurer la magie et renverser le tyran. Là où Absolum se distingue, c’est dans la manière dont cette narration est intégrée à la boucle de jeu. Contrairement à un beat’em up classique, le scénario progresse au fil des échecs et des réussites (mécanique rogue-lite). Entre les runs, le joueur retourne dans le sanctuaire secret de Mère Yuchawi, où il rencontre des PNJ qui font avancer l’intrigue, débloquent de nouvelles compétences (Arcanas, Rituels) et enrichissent le lore du monde.
Si la profondeur des dialogues n’atteint pas celle d’un Hades, le récit est cohérent, sérieux (sans blagues méta ou quatrième mur) et parvient à créer un véritable sentiment d’aventure et de découverte. Les embranchements scénaristiques et les quêtes secondaires débloquées au fil des actes donnent du poids à chaque tentative. L’histoire est donc plus un support à la rejouabilité qu’une fin en soi, mais elle est bien écrite, parfaitement doublée en anglais, et parvient à maintenir l’investissement du joueur, partie après partie.

Gameplay
C’est sur le terrain du gameplay qu’Absolum atteint l’excellence, se posant comme un des meilleurs beat’em up de sa génération. La prise en main est instinctive, mais le système de combat révèle une profondeur technique impressionnante. On retrouve les bases du genre (coups légers, coups lourds, esquives), enrichies par des mécaniques modernes :
- Contres et parades : La gestion du timing pour le contre (ou parry) est essentielle, permettant des retours d’attaque dévastateurs.
- Jonglerie aérienne : Le jeu encourage les combos aériens et les juggles, offrant une satisfaction grisante à enchaîner les ennemis sans qu’ils ne touchent le sol.
L’intégration du rogue-lite est la véritable force ludique. À chaque run, le joueur choisit des Rituels (améliorations passives) et des Arcanas (compétences actives magiques) qui modifient radicalement le style de combat. On peut ainsi créer des builds complètement délirants : un nain tank qui fait exploser les ennemis à chaque blocage, ou un mage qui lévite et spamme des sorts à distance. Le système de méga-progression (déblocages permanents de nouveaux PNJ, chemins, et capacités de base) assure que chaque échec rapproche le joueur de la réussite finale.
De plus, le mode coopératif (local ou en ligne) est parfaitement intégré. Le jeu adapte la difficulté et encourage les synergies entre les personnages, chacun ayant un rôle distinct (tank, contrôle, dégâts magiques). Même s’il peut parfois rendre le jeu trop facile en duo, il ne gâche jamais l’expérience de l’autre joueur, grâce à un système malin de progression différenciée. Le gameplay d’Absolum est un joyeux chaos organisé, qui récompense autant le bourrinage que la maîtrise technique.

Graphismes
L’identité visuelle d’Absolum est une réussite absolue, portée par le studio Supamonks. Le jeu adopte un style 2D dessiné à la main qui rappelle l’âge d’or des jeux d’arcade fantastiques, tout en bénéficiant d’une fluidité et d’une richesse d’animation modernes. Chaque personnage est doté d’un chara-design fort et mémorable, de Galandra et sa colossale épée nécromantique à Karl, le nain au poing de fer.
Les environnements du royaume de Talamh sont variés et détaillés. Malgré la nature rogue-lite qui force la répétition de zones, les variations d’agencement et l’excellente direction artistique font en sorte que les niveaux restent frais et crédibles. Les effets visuels (sorts, explosions, impacts) sont spectaculaires, conférant à chaque coup un poids et une satisfaction tactile. Néanmoins, lors des affrontements les plus intenses, l’abondance d’effets visuels à l’écran peut parfois nuire à la lisibilité de l’action, rendant difficile la distinction entre les projectiles ennemis et les particules de vos propres attaques.
Sur le plan technique, l’Absolum est irréprochable. Le jeu tourne avec une fluidité parfaite (60 FPS constants), indispensable pour un titre basé sur le timing et la dextérité. L’esthétique générale, oscillant entre Dark Fantasy et Arcade des années 90, est un véritable point fort qui donne au jeu une personnalité unique et marquante.

Bande Sonore
La bande sonore d’Absolum est, au même titre que son gameplay, un pilier de son succès. Dotemu a mis les petits plats dans les grands en faisant appel à des compositeurs de renom du jeu vidéo tels que Motoi Sakuraba (Dark Souls), Gareth Coker (Ori), Mick Gordon (Doom) et Yuka Kitamura (Elden Ring).
Le résultat est une Original Soundtrack (OST) d’une qualité rare, capable de marier l’intensité du métal moderne (notamment sur les thèmes de boss, avec des touches rappelant l’agressivité de Doom) à des mélodies épiques et orchestrales propres à la fantasy japonaise. La musique s’adapte parfaitement au rythme de l’action, poussant l’adrénaline lors des vagues d’ennemis et devenant plus mélancolique ou mystérieuse lors des phases d’exploration ou au sanctuaire.
Le sound design est tout aussi réussi. Chaque coup de poing, chaque choc d’arme et chaque explosion magique est accompagné d’un effet sonore puissant qui maximise l’impact et le sentiment de feedback. Les voix des personnages et des PNJ (intégralement doublées en anglais) sont bien castées et crédibles, ajoutant de la consistance au monde sans jamais tomber dans la blague facile. L’ambiance sonore soutient le rythme frénétique du jeu et est un facteur clé de son immersion.

Conclusion
Absolum n’est pas seulement un excellent beat’em up, c’est un jeu qui redéfinit son genre. L’audace de mélanger le cœur arcade de Guard Crush Games avec la rejouabilité et la profondeur du rogue-lite est un coup de maître. Le gameplay est riche, technique et immédiatement addictif, encouragé par un système de build et de progression qui récompense l’expérimentation. Les combats sont un pur régal de fluidité.
Si la narration reste simple et que la variété des environnements pourrait être un peu plus poussée au fil des heures, ces légers défauts sont largement éclipsés par l’excellence de la direction artistique de Supamonks et la puissance phénoménale de la bande sonore multiréalisateurs.
Absolum est un titre essentiel pour les fans de beat’em up et de rogue-lite. Que vous vous lanciez seul ou que vous déchaîniez l’enfer en coopération, ce jeu offre une expérience durable, exigeante et incroyablement satisfaisante. C’est l’un des meilleurs titres de l’année, qui prouve qu’avec de l’ambition et de l’exécution, les genres classiques peuvent encore évoluer de manière spectaculaire.
