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Shadwen – le test !

Shadwen est un titre paru le 17 mai 2016 et développé par Frozenbyte (qui nous ont offert les très bons Trines 1 et 2). On y incarne Shadwen, femme pleine de ressentiment qui veut se venger du méchant roi. C’est un jeu d’infiltration dans lequel on doit… s’infiltrer…

Oliver et compagnie

Le jeu commence avec une « cinématique » constituée de plusieurs dessins du plus bel effet. Le style visuel est convaincant et donne une ambiance particulière au monde de Shadwen. On voit alors notre avatar qui s’approche du roi et qui semble en finir avec lui sous les yeux horrifiés d’une pauvre petite fille (ou petite fille pauvre selon la perspective). Notre avatar se demande alors ce qu’il va advenir de la pauvre gamine transpirant l’innocence qu’elle a devant elle.

Une fois la cinématique terminée, on est aux commandes de la petite orpheline. À la rue et affamée, elle prend une décision logique : trouver à manger. L’ensuit alors une épopée épique à travers la ville pour se rendre au pied d’un pommier qui se trouve dans un cimetière histoire de grignoter un peu.

Le premier niveau se déroule entièrement avec la jeune fille. Pour une raison obscure, elle évite d’être repérée dans la rue par les gardes qui, dès qu’ils la voient, l’arrêtent… Après tout, ces satanés pauvres sont toujours à trainer là, ils font bien de se cacher ! Bref, on ne sait pas trop pourquoi on doit se cacher, mais on s’exécute.

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La première chose qui frappe, c’est que le temps s’arrête quand on ne touche pas au stick. Il est également possible de revenir dans le temps ou de le laisser s’écouler paisiblement. Cette mécanique est assez facile à prendre en main et part d’une bonne idée, mais n’est justifiée par aucun élément du scénario. Le temps s’arrête, et pis c’est tout ! Dans un jeu scénarisé comme celui-ci, le manque de contexte est assez gênant. Dans Trine, les skills étaient justifiés par la classe des personnages ; le guerrier avait des skills de guerrier, le mage, de mage, et ainsi de suite. Mais ici, rien, le temps s’arrête que l’on contrôle Lilly (le nom de la petite fille) ou Shadwen.

Notre Oliver femelle se glisse donc dans les ténèbres de la nuit pour accomplir son méphistophélique méfait : manger le fruit défendu. Le jeu nous explique donc qu’il faut passer derrière les gardes pour ne pas être vu, ce qui parait relativement logique. Par contre, ce qui l’est moins, c’est la manière dont les gardes surveillent les rues. C’est probablement dans un excès de zèle que nos fonctionnaires en herbe surveillent des murs et des portes. Quand une personne fixe un mur, il va sans dire qu’il est relativement aisé de ne pas se faire repérer. Bien sûr, certains gardes font des rondes, des rondes un peu étranges, certes, mais des rondes quand même. Si le jeu ne se voulait pas sérieux, on les aurait crus tout droit sortis d’un Monty Python. La densité de gardes au m² est ,quant à elle, assez affolante. Enfin soit, passons.

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Le fruit défendu

On arrive enfin au cimetière et la fillette se fait choper par un garde qui passait par là. « QU’EST-CE QUE TU FAIS LÀ SALE VOLEUSE ? » s’époumone-t-il. Question assez stupide étant donné qu’il répond lui-même à sa question. Elle vole pardi ! Il ajoute ensuite avec un petit ricanement qu’il est certain de trouver d’autres objets volés sous ses vêtements. #Malaise…

Mais pas de panique, car juste après cet échange malsain de courtoisies, nous voilà aux commandes de la belle Shadwen. Autour de nous ? Des maisons en construction. Le premier objectif qui nous est donné est de trouver un plan pour construire un grappin. Ce plan se trouve bien sûr dans un coffre situé dans l’une des maisons en construction… Une fois le plan récupéré, il nous faut trouver les matériaux qui nous permettront de crafter ce fameux grappin. En bonne tueuse professionnelle, il est normal de se pointer au boulot sans son matériel.

Après un autre didacticiel, il est temps de jouer. Ayant prévu d’accéder au château en passant par l’une des cryptes du cimetière, Shadwen sauve la jeune fille d’une fouille au corps qui s’annonçait fort peu agréable. Mais, vu que ces sales pauvres dénonceraient n’importe qui pour une pomme, il ne faut pas prendre de risque. La tueuse professionnelle n’est pas une tueuse d’enfant, elle décide alors de garder la gamine dans les pattes pendant qu’elle mène à bien son assassinat afin d’éviter que la petite ne la dénonce. Les cordes et les baillons, c’est dépassé.

C’est là la seule raison qui justifie la présence de cette horrible gosse qui court dans tous les sens durant TOUS le jeu. Ceci dit, elle est très douée pour faire preuve de présence. Ou bien, l’est-elle vraiment ?

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La fille invisible

Dans Shadwen, votre but sera donc de passer inaperçu, sous peine de game over immédiat, mais pas seulement. Il faudra user de toute notre fourberie pour que la petite Lily puisse passer elle aussi. C’est alors que l’on pense naturellement que c’est un élément important du gameplay et que cette mécanique sera convenablement exploitée. Mais que nenni ! La petite fille se cache dès qu’elle en a l’occasion, certes, mais c’est totalement inutile étant donné que les gardes ne la voient tout simplement pas. Quand elle est cachée, le simple fait de faire du bruit et d’attirer l’attention des gardes suffit à la faire bouger, qu’elle soit dans leur champ de vision ou pas. Lily peut ainsi se trouver sous le nez d’un ennemi, sans même que celui-ci ne soupçonne son existence. Les temps sont durs et la châtellerie ne pouvait se permettre de grosses dépenses. Notre bon roi a donc dû juger bon d’enrôler toute une armée d’astigmates pour faire des économies.

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Enfoncer des portes ouvertes

D’autres éléments de gameplay viennent justifier la présence de l’orpheline. Par exemple, des portes avec, de part et d’autre, des leviers qu’il faudra activer en même temps. On trouve ces portes un peu partout et on comprend vite qu’elles ne sont là que pour justifier l’existence de la petite. Les développeurs ne se sont même pas donné la peine de faire une animation lorsque l’on baisse les leviers. Ainsi, ils s’abaissent automatiquement à notre approche.

Des portes « justifiantes », il y en a des tonnes. À partir d’un moment, on tombe sur des portes fermées d’un côté par une planche de bois que l’on va devoir ouvrir de manière à laisser passer la petite. Cependant, Shadwen ne possédant apparemment pas de membres préhensiles communément appelés « mains », elle doit utiliser son… grappin… Et c’est ainsi que Frozenbyte fait d’une pierre deux coups en exploitant Lily ET le grappin en même temps ! Si ça ce n’est pas du talent !

En parlant du grappin, c’est THE élément de gameplay que l’on va devoir utiliser tout au long du jeu. Pour escalader, se balancer, faire tomber des trucs pour attirer les gardes et… ouvrir des portes… Cependant, celui-ci a probablement été conçu avec une ficelle au vu de sa portée relativement limitée. De plus, étant donné qu’il vaut viser l’endroit où l’on veut l’envoyer, son utilisation n’est pas vraiment très intuitive. Bref, il aurait pu être mieux exploité.

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Soit belle et tais-toi

Il faut bien l’avouer, le jeu est tout de même beau. Les graphismes sont du plus bel effet et la plupart des animations sont assez sympathiques. La direction artistique parvient à convaincre et c’est ce qui sauve Shadwen. Assez étonnamment, jouer à ce jeu reste une expérience agréable en dépit de ses nombreux défauts. Les commandes répondent plutôt bien et le jeu est fluide. Concernant la bande-son, il n’y a pas grand-chose à dire si ce n’est qu’elle remplit bien son rôle et qu’elle participe également à l’ambiance générale.

Par contre, amateurs de challenge s’abstenir : le jeu est d’une facilité déconcertante. Il ne faut pas s’inquiéter de ce que fait Lily, on a donc tout loisir de faire ce que l’on veut des gardes. Il est possible d’afficher leur champ de vision mais, même sans celui-ci, ne pas se faire repérer est enfantin.

En revanche, Shadwen nous laisse la liberté de choisir notre manière de procéder. On peut ainsi décider de tuer ou de ne pas tuer les gardes, ce qui aura un effet immédiat sur l’histoire et sur les relations entre la tueuse et Lilly. Pour les occire, rien de plus simple, une petite pression sur un bouton et Shadwen leur ôte la vie d’un petit coup de poignard bien placé. Personnellement, dans ma grande mansuétude, j’ai décidé d’abréger les souffrances de TOUS les gardes du jeu par pitié. Il ne fait pas bon être astigmate au Moyen-âge.

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Un article signé Jetlag.

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